Biographie
Née à Québec en 1918, l’architecte, peintre et sculpteure Pauline Roy-Rouillard, est la fille de J.-Albert Roy, avocat de Québec.
Pauline passe une partie de son enfance en Angleterre où elle fait sept années de l’élémentaire à la Balliol School for Girls de Londres. De retour au Québec vers 1930, elle complète ses études au couvent Jésus-Marie de Sillery puis au Commissionners' High School de Québec. Parallèlement, elle suit des cours du soir à l’École des beaux-arts de Québec. En 1935, encouragée par sa mère à devenir architecte, une profession alors réservée aux hommes, Pauline s’inscrit à la section d’architecture de l’École où elle fait ses deux premières années. Par un concours de circonstances, elle doit terminer ses quatre dernières années à l’École des Beaux-Arts de Montréal. Elle excelle durant ses études dont le programme calqué sur celui de l’École des Beaux-Arts de Paris met l’accent sur la composition, les rendus et le dessin de présentation. Elle y obtient de nombreuses distinctions. Après avoir réussi l’examen de pratique professionnelle de l’A.A.P.Q., l’École lui décerne son diplôme en juin 1941.
De retour à Québec, Pauline fait sa cléricature d’un an à l’agence Amyot, Bouchard et Rinfret. Ce bureau, connu à partir de 1946 sous Bouchard et Rinfret, l’emploiera comme architecte de 1949 à 1960.
En 1942, elle est la première femme inscrite à l’Association des Architectes de la Province de Québec, devenu en 1974 l’Ordre des architectes du Québec. Pour souligner cette occasion, l’Association lui remet son diplôme professionnel lors du souper clôturant l’assemblée annuelle le 23 janvier 1943.
Durant la Seconde Guerre mondiale, l’architecte entre à l’emploi de la Anglo Ship Building où elle réalise des dessins et relevés de navires. Parallèlement, elle travaille comme dessinatrice pour les architectes Albert Leclerc, Adrien Dufresne et Gérard Venne. À partir de 1944, sous le nom de Pauline Rouillard, elle mène de front travail et vie de famille, effectuant ses premières années de pratique à temps partiel. Entre 1948 et 1950, elle collabore à deux projets significatifs à Sillery qui vont lancer sa carrière : parc Falaise, situé au sud-est de l’Université Laval et parc Thornhill, logé derrière le siège social de l’Industrielle Alliance. Si pour le premier elle dessine uniquement les intérieurs des maisons, pour le second, elle participe à l’ensemble du projet.
À ses débuts à Bouchard et Rinfret, Pauline se tourne rapidement vers le domaine de l’architecture domestique, un programme bâti peu convoité par ses collègues de bureau. Cette décision lui est profitable vu la conjoncture historique de l’après-guerre marquée par le développement des banlieues. Ces projets à échelle humaine lui permettent de demeurer le seul maître d’oeuvre, de discuter directement avec les clients et les entrepreneurs en construction. Si son architecture ne s’écarte pas de la production générale de la période, ses maisons sont cependant bien construites et confortables. On lui doit dans la région de la Capitale-Nationale près d’une centaine de nouvelles résidences et d’agrandissements incluant deux projets commerciaux (motel et station-service).
En 1961, elle exploite son propre cabinet d’architecture. Puis en 1968, l’architecte entre au service de la Société d’habitation du Québec (SHQ) où elle occupe le poste d’architecte-conseil. Elle y travaille au sein d’une équipe pluridisciplinaire qui voit à l’application du Code national du bâtiment et supervise les propositions d’habitations à loyer modique. Elle prend sa retraite en 1978.
En mars 1962, Pauline est la première femme à être nommée pour un mandat de trois ans au Conseil Canadien de l’Habitation. Cet organisme national a pour but d’encourager l’amélioration des modèles de maisons au Canada en tenant deux concours : l’un pour la maison unifamiliale, l’autre pour les logements multifamiliaux. Parallèlement à sa pratique, elle enseigne le dessin, la perspective et l’histoire de l’art à l’École des Beaux-Arts de Québec de 1946 à 1968. Elle siège aussi au comité d’art sacré du Séminaire de Québec.
Pauline poursuit en parallèle sa seconde passion la peinture et la sculpture. Durant plus de soixante ans de carrière comme artiste, sa démarche esthétique est d’une grande cohérence. Son approche formelle tend vers un expressionnisme abstrait où s’entremêlent harmonie des couleurs, sensibilité et rêve. De 1963 à 1973, elle suit des ateliers libres de peinture et de sculpture au studio du peintre Albert Rousseau (1909-1982) à Saint-Étienne-de-Lauzon auprès duquel Pauline définit sa personnalité artistique. Si ses premières oeuvres illustrent des scènes rurales et des natures mortes, l’artiste va rapidement se tourner vers l’abstraction. Elle s’inspire cependant des couleurs, de la lumière et des mouvements que l’on retrouve dans la nature. La couleur, la matière et le mouvement sont les composantes principales de ses huiles sur masonite, aquarelles et aquagraphies. En sculpture, l’imaginaire de ses pièces en bronze ou en aluminium s’apparente plutôt aux ruines classiques.
Dès 1960, Pauline réalise de nombreuses expositions en groupe et solo à Québec, Lévis, Verdun et Saint- Etienne-de-Lauzon. La Galerie Linda Verge lui dédie une exposition rétrospective en 2001 et une commémorative en 2016. Plusieurs de ses oeuvres se retrouvent dans les collections privées et les galeries d’art du Québec. Le Moulin des arts de Saint-Étienne-de-Lauzon lui décerne en 1991 le prix Albert Rousseau
soulignant la qualité exceptionnelle et l’originalité de son oeuvre à titre d’artiste professionnelle.
Elle est membre de l’A.A.P.Q., 1942 (OAQ, 1974), et fellow RAIC.
Elle a épousé, en 1943, Jean-Louis Rouillard, président de J. E. Rouillard limitée de Québec, fondée en 1950.
Elle est décédée le 5 juillet 2010 à Québec à l’âge de 92 ans.