Le style colonial français s’est développé en Nouvelle-France d’après les modèles de construction du pays auquel il se rattache, la France. Il retient les principes généraux du classicisme français avec son système de proportions, sa composition harmonieuse d’ensemble et une certaine réserve dans l’expression architecturale. En lien avec la tradition, les premiers colons répètent les formes simples dont l’usage est commun. Artisans, entrepreneurs ou maçons construisent ainsi des bâtiments dans un état d’esprit français, tout en proposant quelques adaptations compte tenu du climat ou de la règlementation imposée à différentes époques.
Maison urbaine d’inspiration française
Il reste peu de maisons urbaines d’inspiration française construites au 17e siècle à Québec. L’utilisation du bois pour la grande majorité d’entre elles n’est pas étrangère aux incendies qui les ont détruites. Au début du 18e siècle, les édits et les ordonnances des intendants de la colonie normalisent la construction de la maison afin de remédier à la situation. Cette série de règlements façonne le paysage urbain de la ville en reconsidérant la manière d’habiter.
La maison urbaine d’inspiration française est donc une construction en pierre d’un ou deux niveaux avec un comble. Le toit à deux versants droits est revêtu d’ardoise ou de tôle traditionnelle. Les cheminées sont comprises dans les murs mitoyens coupe-feu et dépassent la toiture pour contrer la propagation des flammes en cas d’incendie. Les maisons plus cossues sont construites sur des voûtes en pierre.
Les ouvertures de la maison sont distribuées assez régulièrement, mais sans recherche de symétrie. La fenêtre à battants et à petits carreaux, munie de contrevents fonctionnels, est le modèle le plus usuel. Les composantes décoratives sont plutôt rares; elles sont limitées aux encadrement, linteaux et chambranles.
Éléments caractéristiques :
- Un à trois niveaux d’occupation (1 à 2 étages ½); cave voûtée pour la maison cossue.
- Fondation visible hors sol.
- Toit : revêtement d’ardoise, de planche à couvre-joints ou de planche chevauchée, mais généralement de tôle traditionnelle.
- Ouvertures régulières; soupiraux; lucarnes à croupe, à pignon et chatière.
- Saillies: murs coupe-feu mitoyens dépassant du toit et incluant les cheminées.
- Ornements réduits : bandeaux, chaînes d’angle, corbeaux et tirants.
Illustration : Charles-Étienne Brochu