Au 19e siècle en Angleterre, la société subit des transformations majeures en raison de l’industrialisation. Des mouvements de pensée apparaissent en réaction à la perte de la structure sociale traditionnelle, des mœurs et de la religion. Les adeptes du mouvement Arts and Crafts proposent pour leur part une architecture qui s’inspire de l’artisanat et de l’habitation issue de la campagne anglaise. Le retour au travail manuel, l’usage de matériaux traditionnels ainsi que le recours aux savoir-faire locaux sont valorisés pour faire obstacle à la standardisation.
Le mouvement gagne ensuite les États-Unis où il sera connu par le biais de plusieurs styles comme le Shingle Style, retrouvé sur la côte est, le Prairie Style, associé au centre, et le Craftsman Style, présent sur la côte ouest. Sa popularité est majoritairement due aux catalogues et aux revues d’architecture qui sont distribués à travers l’Amérique du Nord à partir du début du 20e siècle. Bien que les bâtiments en lien avec ce mouvement soient largement diffusés, son idéologie est mal comprise. Le changement préconisé demeure sans portée sociale, puisque les caractéristiques formelles des styles prédominent. Érigés durant la première moitié du 20e siècle à Québec, les bâtiments Arts and Crafts sont principalement associés à l’architecture résidentielle qui se retrouve dans les quartiers et les banlieues de la ville.
La maison Arts and Crafts est conçue en complémentarité avec le milieu dans lequel elle se trouve, tant sur le plan physique que naturel. Dotée d’un plan informel, il s’agit d’une maison unifamiliale qui s’inspire de la chaumière anglaise. Elle possède deux ou trois niveaux d’occupation et elle est coiffée d’un toit à deux ou à quatre versants droits. Le revêtement est en bardeau de bois, mais la pierre, la brique, le crépi ou l’enduit sont également employés. Les fenêtres isolées, jumelées ou groupées sont à battants avec imposte ou à guillotine tandis qu’une ou plusieurs lucarnes surmontent la toiture. Les composantes décoratives demeurent simples : faux colombages, chevrons apparents aux extrémités du toit, planches cornières et chambranles autour des ouvertures.
Éléments caractéristiques :
- Composition issue de l’architecture de la campagne anglaise qui s’inspire de la tradition locale de construire en regard à l’artisanat, aux matériaux et aux savoir-faire : création d’un effet pittoresque avec l’intégration des formes à l’environnement naturel et bâti.
- Plan carré ou rectangulaire, mais généralement irrégulier.
- Deux à trois niveaux d’occupation (1 étage ½ à 2 étages ½); étages en saillie sur le rez-de-chaussée.
- Fondation en béton ou en pierre visible hors sol.
- Murs : revêtement de pierre, de bois, généralement de bardeau de bois, ou de brique combiné avec le crépi ou l’enduit (stuc).
- Toit à deux ou à quatre versants droits, à deux versants droits avec demi-croupes, à deux versants brisés, à versants multiples ou asymétrique; pente faible (moins de 30°), moyenne (entre 30° et 45°) ou forte (plus de 45°); revêtement de bardeau de cèdre ou de tôle traditionnelle.
- Ouvertures rectangulaires garnies de chambranles; porte à panneau(x) avec vitrage surmontée ou non d’une imposte; fenêtres isolées, jumelées ou groupées, avec ou sans petit-bois formant des losanges, à battants avec imposte, composées à battants avec imposte, à guillotine avec ou sans petit-bois, à guillotine et à petits carreaux ou composées à guillotine; présence de lucarnes dont la lucarne centrale en appentis.
- Saillies : cheminées, galerie protégée par l’avant-toit droit ou par les étages, logettes, oriels et perron; corps secondaires : corps d’annexe et véranda.
- Ornements réduits : chevrons, faux colombages, piliers et planches cornières.
Illustration : Charles-Étienne Brochu, 2022.