Le mouvement brutaliste marque la fin du modernisme au Québec. D’abord apparu au Royaume-Uni, puis en France dans les années 1950, ce mouvement est né du désir de certains architectes, dont Le Corbusier, de créer des compositions plus expressives et monumentales. Après avoir connu une certaine popularité aux États-Unis, le brutalisme atteint le Québec à la fin des années 1960. À cette époque, les bouleversements de la Révolution tranquille engendrent des besoins en écoles polyvalentes, en immeubles de bureaux et en édifices liés aux sports et à la culture. Les bâtiments brutalistes se caractérisent par l’expression de leur volume massif et par la texture des surfaces. Leur forme est traitée comme une sculpture dans la ville qui est modelée selon les besoins. Plutôt refermés sur eux-mêmes, les édifices issus du brutalisme possèdent souvent peu d’ouvertures et misent plutôt sur les jeux d’ombres et de lumières formés par leur traitement expressif pour rythmer les façades.
Le béton est l’un des matériaux de prédilection de l’architecture moderne. La recherche d’expressivité de ce matériau atteint son paroxysme dans les œuvres modernes des années 1960 et 1970. Ce matériau, qui a révolutionné l’architecture au 20e siècle, est très polyvalent. Son état liquide lorsqu’il est préparé permet de lui donner la forme voulue grâce aux coffrages dans lesquels il est moulé en attendant son durcissement. Les architectes modernes ont donc appris à « sculpter » le béton pour lui donner des formes arrondies ou orthogonales, minces ou massives, lisses ou texturées. Les surfaces peuvent demeurer brutes en portant les marques des coffrages ou être travaillées par la suite en les martelant ou en faisant éclater leurs arêtes. Le béton peut être coulé sur place ou préfabriqué en usine sous la forme de panneaux qui sont ensuite assemblés sur le chantier. Bref, il n’est pas surprenant que le béton ait été si populaire auprès des créateurs de bâtiments modernes tellement les possibilités qu’il offre sont nombreuses.
Éléments caractéristiques :
- Composition issue de la doctrine fonctionnaliste et du mouvement expressionniste : caractère monumental et rationnel, geste brutal se répercutant en un objectif formel, apparence brute des matériaux, visibilité de l’infrastructure technique et façades aux surfaces texturées ; création d’un effet de masse.
- Assemblage de volumes.
- Fondation en béton.
- Murs sans finition et laissés au naturel : revêtement de brique ou de métal et de verre avec le mur rideau, mais généralement de béton; structure en acier, mais généralement en béton armé.
- Toit plat (bassin ou à égout intérieur); revêtement de membrane(s).
- Ouvertures nombreuses; porte à panneau avec vitrage, pleine ou entièrement vitrée.
- Saillies : marquise, perron, portail et portique.
- Ornements, à l’extérieur et parfois même à l’intérieur du bâtiment, utilisés pour mettre en valeur les matériaux et les systèmes techniques : surfaces striées, coupées, cassées, cannelées, martelées et nervurées et systèmes structuraux, mécaniques et électriques.
Illustration : Charles-Étienne Brochu, 2022.