Biographie
Né à Waterloo, comté de Shefford, en 1930, Louis-Joseph Papineau est le fils de Denis-Victor Papineau et Estelle Lefebvre. Il est de la même lignée que son célèbre homonyme, étant un descendant du frère de ce dernier, Denis-Benjamin Papineau.
Louis-Joseph Papineau est promu bachelier ès sciences au collège Loyola de Montréal en 1950. Il s’inscrit à l’École d’architecture de l’Université McGill dès l’année suivante et y reçoit son diplôme en 1955. Il y reçoit un enseignement plasticien fortement marqué par le Bauhaus. Ce contact avec l’architecture moderne, notamment grâce à des professeurs comme John Bland, Guy Desbarats, Stuart Wilson et Hazen Sise, imprègnera son œuvre. Il rencontre aussi Philip Johnson, un célèbre architecte américain, venu donner une conférence à McGill : avec une dizaine de collègues, il se rend même à New Canaan, au Connecticut, afin de voir sa fameuse maison de verre, la Glass House. Parallèlement à ses études d’architecture, il suit des cours de dessin, tout d’abord au Musée des beaux-arts de Montréal, sous la direction de Jacques de Tonnancour et de Louis Archambault, puis à l’École des Beaux-Arts.
Au plan personnel, Louis-Joseph Papineau est un grand mélomane, appréciant notamment la musique classique. Il pratique également le ski. C’est d’ailleurs en skiant au Mont-Tremblant qu’il fait la connaissance de Jovette Grignon, qu’il épouse en 1956.
Papineau entreprend dès 1957 une collaboration avec ses confrères Michel LeBlanc et Guy Gérin-Lajoie, aussi diplômés de l’École d’architecture de l’Université McGill. Cette collaboration s’officialise en 1960 par la formation de la firme Papineau Gérin-Lajoie LeBlanc architectes, dont le siège social est situé à Westmount. Il s’agit de l’une des premières firmes québécoises d’architecture fondées par des francophones. Papineau œuvre principalement à la conception.
Cette première période dans le parcours d’architecte de Louis-Joseph Papineau conjugue des réalisations résidentielles ou commerciales en recourant surtout au bois et au métal, ainsi que des édifices publics essentiellement en béton.
Louis-Joseph Papineau affiche un parcours professionnel et une production architecturale remarquables, notamment par son utilisation de la lumière et son souci de créer des bâtiments dont l’esthétique extérieure et intérieures sont parfaitement cohérentes. En mars 1964, Louis-Joseph Papineau termine la construction de sa résidence, dans l'île Verte, à Laval. Avec ses deux façades (avant et arrière) complètement vitrées, elle évoque la Glass House de Philip Johnson. À l’extérieur, les fondations sont en pierres des champs. Au sous-sol, des fenêtres pleine hauteur illuminent la salle familiale. Cette résidence est considérée comme une icône de l’architecture des années 1960. Il dessine aussi une maison pour Paul Gérin-Lajoie, premier détenteur du ministère de l’Éducation sous le règne libéral de la Révolution tranquille, sur la rue Chaumont, à Sillery.
Sous son influence, Papineau Gérin-Lajoie LeBlanc architectes se distingue par son architecture épurée et géométrique, misant sur le raffinement du détail. En 1964, la firme remporte le concours pour réaliser le pavillon du Québec à Expo 67. Elle réalise bon nombre de projets, tout particulièrement dans la métropole, dont deux stations de métro (Peel et Radisson), le pavillon Thérèse-Casgrain (résidence des étudiantes) de l’Université de Montréal et l’aéroport de Mirabel, inauguré en 1974.
En 1970, alors que les contrats se multiplient, Papineau Gérin-Lajoie LeBlanc architectes intègre un quatrième associé, Gordon Edwards, lui aussi formé à McGill. Papineau et Edwards travaillent étroitement au design de l’École d’éducation physique et du Centre universitaire de l’Université d’Ottawa, ainsi qu’au complexe aéroportuaire de Mirabel. Après 1970, la firme prend une ampleur considérable, avec des projets internationaux et une soixantaine d’employés. Edwards quitte la firme en 1973 et un an plus tard, Papineau en fait de même, estimant que PGL est devenu trop gros et que l’agitation nuit à sa concentration pour dessiner. L’architecte choisit donc de faire cavalier seul, s’associant sporadiquement à des collègues le temps d’un projet. Il admettra, vers la fin de sa vie, avoir regretté la décision de quitter PGL.
Après 1974, Louis-Joseph Papineau traverse une sorte de crise idéologique pendant laquelle il construit très peu. Il réalise des études pour des entreprises privées. Le thème de la lumière y est toujours présent. En 1981, il remporte un
concours dans le cadre de l’opération « Vingt mille logements » à Montréal, avec son projet intitulé « Complexe du quartier ». Malheureusement, le promoteur se permet d’altérer le projet et Louis-Joseph Papineau, y voyant un affront au paysage urbain, choisit de démissionner.
En 1990, nouvellement associé avec l’architecte Gilles Huot, Louis-Joseph Papineau travaille à une commande de la société Bombardier pour la construction des bureaux de Canadair. Ce projet concrétise à nouveau l’un des thèmes de l’architecte : créer un espace de travail possédant la qualité de l’habiter. À la même époque, Papineau élabore un projet similaire dans un laboratoire pour Agriculture Canada à Charlottetown, à l’île-du-Prince-Édouard.
Il est toujours actif de manière sporadique dans les années 2010.
ASSOCIATIONS
Papineau Gérin-Lajoie Leblanc architectes (1957 à 1974)
Papineau Huot architectes (1990-1993)
SOURCES
« Profil : Louis-Joseph Papineau. L’audace de la simplicité » (dossier comportant plusieurs articles), ARQ : la revue des membres de l'Ordre des architectes du Québec, octobre 1992, p. 9-23.
Lucie Lavigne, « Le charme discret du minimalisme », La Presse, 13 mars 2008. https://www.lapresse.ca/maison/decoration/amenagement/200803/08/01-871695-le-charme-discret-du-minimalisme.php
Fayza Mazouz, Fibre arctique: étude de huit projets de Papineau Gérin-Lajoie Leblanc architectes pour le Nunavik et le Nunavut (1968-1993), mémoire de maîtrise en design de l'environnement, Université du Québec à Montréal, 2019, 304 p.