Le style néo-Queen Anne apparaît en Grande-Bretagne vers le milieu du 19e siècle, notamment grâce à l’architecte Richard Norman Shaw qui en est le principal instigateur. Particulièrement prisé auprès de la classe moyenne issue de la période industrielle, ce style véhicule le renouveau de l’architecture vernaculaire anglaise en puisant son vocabulaire des cottages rustiques anciens. Malgré le fait qu’il tire son nom de la reine Anne Stuart, il présente peu de lien avec l’architecture pratiquée sous son règne (1702- 1714). Dans un certain sens, il se réfère plutôt au passage du 17e au 18e siècle, soit à la transition entre la période historique du Moyen Âge et celle de la constitution de l’Europe moderne.
En vogue entre 1880 et 1915 auprès de la communauté anglophone de Québec, le style néo-Queen Anne est utilisé presque exclusivement en architecture résidentielle où la recherche de pittoresque devient la norme établie au cours de l’ère victorienne.
Les maisons bourgeoises, combinant ainsi le pittoresque moyenâgeux au classicisme géorgien, sont associées au milieu rural et suburbain de la ville.
La maison de style néo-Queen Anne est recouverte de bois, de pierre ou de crépi, mais elle fait généralement usage de brique rouge. Le traitement ornemental de ces matériaux, à la fois texturé et coloré, contraste avec le revêtement principal. Ils viennent de ce fait souligner les différentes parties de la construction telles que le soubassement, les façades asymétriques, les toitures irrégulières et à forte pente, les souches de cheminée, les lucarnes ainsi que les volumes articulés et ponctués par des ailes, des frontons, des pignons ou des saillies. Ces dernières comptent par exemple des tourelles circulaires ou carrées, des avant-corps munis d’oriels ou de logettes, de même que des galeries tournantes couvertes de toits coniques. Afin de concevoir une maison de style néo-Queen Anne, une composition raffinée et un décor à la fois simple et élaboré demeurent essentiels.
Éléments caractéristiques :
- Composition issue du renouveau de l’architecture vernaculaire anglaise qui s’inspire des cottages rustiques anciens : caractère raffiné, façades asymétriques, décor simple et élaboré et traitement des matériaux et des ornements de manière contrastante; création d’un effet pittoresque combinant le pittoresque moyenâgeux au classicisme géorgien.
- Plan irrégulier; volumes articulés.
- Deux à trois niveaux d’occupation (1 étage ½ à 2 étages ½).
- Fondation en pierre visible hors sol.
- Murs : revêtement texturé ou non de pierre, de bois, de crépi ou d’enduit (stuc), mais généralement de brique rouge.
- Toit à deux ou à quatre versants droits, à quatre versants droits tronqués couronné d’une terrasse faîtière, à versants multiples ou asymétrique; pente moyenne (environ 45°); revêtement d’ardoise ou de tôle traditionnelle.
- Ouvertures rectangulaires garnies de chambranles, de clefs, de linteaux et de plate-bande; porte à panneau(x) avec ou sans vitrage surmontée d’une imposte; fenêtres à battants et à grands carreaux ou à guillotine avec ou sans petit-bois; présence de lucarnes.
- Saillies : avant-corps, balcon, cheminées, logettes, oriels et perron; saillies coiffées de toits coniques : galerie tournante ou non, tours et tourelles; corps secondaire : aile latérale coiffée d’un toit à deux versants droits.
- Ornements : bandeaux, chaînes d’angle, colonnes, consoles, corniches, épis, frontons, garnitures de bois découpées, pignons, planches cornières et retours d’équerre.
Illustration : Charles-Étienne Brochu, 2022.