Apparue en Italie au 15e siècle, l’architecture de la Renaissance prône un retour aux formes antiques, en plus de vouloir rétablir l’harmonie et l’équilibre des proportions avec les ordres. Le style néo-Renaissance s’inspire des œuvres de cette période, plus précisément celles des palais et des villas italiennes des 16e et 17e siècles. Elles sont adaptées à l’ère victorienne et industrielle, afin de créer un effet pittoresque qui se veut en réaction à la rigueur du style palladien et néoclassique. Lorsqu’un effet plus austère est recherché, le bâtiment présente une composition davantage symétrique tandis que la forme et les ouvertures peuvent correspondre à la disposition intérieure.
Les bâtiments de style néo-Renaissance mettent en avant plan l’aisance matérielle du propriétaire ou l’importance de la construction, soit sa prestance dans le milieu. Ils ont généralement une fonction commerciale, industrielle ou résidentielle. À Québec, bien qu’ils soient présents en milieu rural, ces bâtiments sont surtout implantés en milieu urbain ou semi-urbain entre 1850 et 1920.
Le style néo-Renaissance se caractérise par la richesse et le raffinement de la composition ainsi que par la surabondance du décor qui puise dans le vocabulaire classique. Un bâtiment possède par exemple un plan simple ou irrégulier dont la volumétrie est dotée d’une tour carrée. Le toit est plat, ou encore à pavillon ou à pavillon tronqué surmonté d’un lanternon ou d’une terrasse faîtière. La bordure du toit est munie d’une balustrade de couronnement ou d’une corniche massive à consoles ou à modillons. Avec l’emploi des ordres de manière superposée, la séparation des étages est observable dans le traitement des façades. Un bâtiment à vocation mixte attire donc l’attention sur le rez-de-chaussée commercial avec de larges vitrines, comparativement à l’allure sobre ou distinctive des étages qui sont réservés à l’habitation. L’ornementation dans la construction de style néo-Renaissance comprend entre autres des murs en pierre à bossages variés, des ouvertures rectangulaires ou en arc ornées de frontons et de pilastres, des appuis élaborés sous les fenêtres et des chaînes d’angle.
Éléments caractéristiques :
- Composition issue de l’architecture de la Renaissance : richesse et raffinement, emploi des ordres de manière superposée et surabondance du décor; création d’un effet pittoresque en réaction à la rigueur du style palladien et néoclassique ou création d’un effet plus austère avec la recherche de symétrie et l’organisation intérieure en lien avec la forme et les ouvertures du bâtiment.
- Plan simple ou irrégulier.
- Trois à quatre niveaux d’occupation (2 étages ½ à 3 étages ½).
- Fondation en pierre visible hors sol.
- Toit à quatre versants droits ou à quatre versants droits tronqués couronné d’un lanternon ou d’une terrasse faîtière; pente faible (moins de 30°); revêtement de tôle traditionnelle. Toit plat (bassin ou à égout intérieur); revêtement de membrane(s).
- Murs : revêtement de pierre à bossages variés ou de brique.
- Ouvertures rectangulaires ou en arc garnies d’appuis, d’arcs, de clefs, d’encadrements et de linteaux; porte à panneau(x) avec ou sans vitrage surmontée d’une imposte et garnie d’un portail; fenêtres à battants et à grands carreaux ou à guillotine et à petits carreaux ou à petit-bois.
- Saillie : perron, portail et tour carrée.
- Ornements classiques : balustrade de couronnement, bas-reliefs, chaînes d’angle, colonnes, consoles, corniches, entablements, frontons, pilastres et retours d’équerre.
Illustration : Charles-Étienne Brochu, 2022.