Le style Beaux-arts est en quelque sorte l’aboutissement de 200 ans d’un enseignement placé sous l’autorité de l’école des Beaux-arts, en France, qui lui donne ses principales orientations. Considérée comme la plus prestigieuse école au monde à la fin du 19e siècle, elle accueille des étudiants de tout l'Occident venant parfaire leur formation. L'architecture française de la Renaissance et les modèles classiques y sont enseignés. Le style Beaux-arts se répand en Amérique du Nord par le biais des architectes qui ont fréquenté cette école en grand nombre et par l'instauration de programmes de formation calqués sur le modèle parisien. Au Québec, l'apparition du style Beaux-arts correspond plus particulièrement à la période durant laquelle Louis- Alexandre Taschereau est premier ministre (1920-1936). Une école des Beaux-arts est alors implantée à Québec en 1922 et le ministère des Travaux publics transforme son Service d'architecture en 1927. Le personnel nouvellement engagé dans le département possède une formation Beaux- Arts.
Le style Beaux-arts privilégie un vocabulaire classique tout en véhiculant une image de modernité. Il renouvelle ainsi le classicisme, en plus de préconiser l'usage de techniques et de matériaux nouveaux. À Québec, il relève d’une conception surtout réservée aux bâtiments publics de l’État ou ceux à caractère monumental.
Le bâtiment Beaux-arts présente une composition architecturale fondée sur trois principes, soit la clarté du plan, l’équilibre des proportions et le caractère qui doit refléter la vocation et l’importance de la construction dans le milieu. Il offre un équilibre entre le tout et ses parties, notamment par le traitement sobre du vocabulaire classique dans une grille de composition respectant les règles de symétrie. L’ornementation renvoie ainsi à l’utilisation de frontons, bandeaux, colonnes, pilastres ou corniches traitées de manière originale ou nouvelle. Le volume imposant du bâtiment permet quant à lui de favoriser l’intégration de procédés de constructions modernes telles que les structures d’acier, les toits plats et les systèmes mécaniques.
Éléments caractéristiques :
- Composition sobre, mais renouvelée de l’idéal classique avec l’emploi de techniques et de matériaux nouveaux permettant de véhiculer une image de modernité : clarté du plan, équilibre des proportions et caractère qui reflète la fonction et l’importance du bâtiment dans le milieu.
- Volume imposant.
- Fondation en béton ou en pierre visible hors sol.
- Murs : revêtement de brique ou de béton, mais généralement de pierre; structure en bois, en acier ou en béton armé.
- Toit plat (bassin ou à égout intérieur); revêtement de membrane(s).
- Ouvertures régulières et rectangulaires ou en arc surmontées ou non d’impostes et garnies d’arcs, de clefs, d’encadrements et de linteaux; porte à panneau(x) avec ou sans vitrage garnie d’un portail; fenêtres à battants et à grands carreaux ou à guillotine et à petits carreaux.
- Saillies : avant-corps, escalier monumental, perrons et portail.
- Ornements classiques : balustrade de couronnement, bas-reliefs, bandeaux, chaînes d’angle, colonnes, consoles, corniches, entablements, frontons et pilastres.
Illustration : Charles-Étienne Brochu, 2022.