L’architecture régionaliste québécoise peut en quelque sorte être comprise comme la version québécoise du mouvement Arts and Crafts. Ce dernier, apparu en Angleterre au 19e siècle, favorise la tradition locale de construire, tant au niveau de l’artisanat, des matériaux que des savoir-faire. Il se veut en réaction à la montée de l’industrialisation et aux règles classiques d’équilibre du style Beaux-Arts.
Connue sous le nom de style Nouvelle-France, l’architecture régionaliste québécoise matérialise aussi la réflexion qui s’inscrit dans le mouvement plus vaste du nationalisme québécois, soit d’interroger le passé à la recherche d’une identité collective, rempart contre l’assimilation. Elle favorise les formes traditionnelles, puisqu’elle s’inspire de l’histoire et cherche à affirmer l’existence de la communauté québécoise. Développée parallèlement avec la crise économique (1929-1939) et les travaux publics de l’État québécois, elle est surtout présente en architecture religieuse et résidentielle, en plus d’être associée au travail de l’architecte Sylvio Brassard qui en constitue la figure de proue au Québec. Sa période de diffusion est relativement courte, elle s’étend aux environs de 1925 à 1945.
Les bâtiments régionalistes québécois se confondent facilement avec ceux des 17e, 18e et 19e siècles, car ils tentent d’imiter le vocabulaire architectural des siècles passés. Ils se caractérisent généralement par le traitement rustique des matériaux, le profil haut des toitures à deux versants munis de lucarnes et l’emploi de volumes simples.
Éléments caractéristiques :
- Composition issue du mouvement Arts and Crafts qui s’inspire de la tradition française et locale de construire en regard à l’artisanat, aux matériaux et aux savoir-faire: formes issues des 17e, 18e et 19e siècles qui s’expriment à travers l’histoire et l’existence de la communauté québécoise.
- Volume simple. Plan rectangulaire.
- Fondation en béton ou en pierre peu visible ou visible hors sol.
- Murs en maçonnerie de pierre, généralement en pierre à moellons; revêtement de pierre, de crépi ou d’enduit (stuc) blanc.
- Toit à deux versants droits; pente forte (plus de 45°) ou à croupe et sans avant-toit; revêtement de tôle traditionnelle, mais généralement de bardeau de cèdre.
- Ouvertures rectangulaires garnies de chambranles et de linteaux; porte à panneau(x) avec ou sans vitrage; fenêtres à battants et à petits ou à grands carreaux ou fixes à petit-bois, à petits-fers ou avec vitrail (verrière) garnies de contrevents; lucarnes à croupe, à pignon ou châtière.
- Saillies : cheminée au centre, décentrée ou incluse dans le mur pignon, galerie, murs coupe-feu dépassant du toit et incluant les cheminées et perron.
Illustration : Charles-Étienne Brochu, 2022.