Accueil / Citoyens / Patrimoine / Espace #PatrimoineVDQ / 2018 / Chronique toponymique : parc des Saints-Martyrs
Texte de Thomas Langlois
Cette chronique mensuelle rend hommage aux histoires cachées derrière les noms des rues et parcs de Québec. Chaque mois, un auteur émergent soutenu par Première Ovation s’inspire du patrimoine pour créer de courtes œuvres où le réel croise l’imaginaire. En octobre, revisitez l’histoire des martyrs canadiens, dont un parc du quartier Saint-Sacrement porte le nom.
Parc des Saints-Martyrs
Ben avant d’avoir des parcs énormes, on recule à l’époque où la Compagnie d’Jésus débarque en Amérique pour y épandre sa pensée pandémique aux dépens des macchabées qui allaient s’accumuler à Québec Maculés d’repentances, encore nos revenants rampent, hantent ensemble la Nouvelle-France on les entend scander :
Évangélisons les femmes et les hommes aux anges et lisons-leur le verbe du Sauveur Faut s’efforcer d’vociférer ces versets, faire résonner la Foi, servir, réserver ces sauvages en les sauvant d’Lucifer
et nos saints martyrs missionnaires sont ainsi partis moissonner les consciences à même leurs écorces encore scellées, car c’est par ce commerce de l’aumône qu’on morcelle le mieux les mœurs et
un jour, ces agriculteurs seront mûrs et nous remercieront
qu’ils s’disaient,
jusqu’à Montréal, y vont réaliser
Donc not’ cohorte de robes noires toc-toc cogne aux portes autochtones colporte une tonne de Bonnes Nouvelles – ça pis la p’tite vérole Tout fiers et allumés, nos curés s’sont rués en Huronie curer les Hurons, ironie, l’ennem’Iroquois s’est rué su’es curés pour les tuer, y’ont pris le Père Brébeuf qui, dépité s’est vu débiter des bouttes d’épiderme tout piteux pis toute, comme une épinette, et pis même sa bouille ébouillantée, par tou’es bouts entaillés bétail aux embouts bâillant, scalpé en épouvantail y s’retenait pourtant de tout’ ses poumons d’en brailler Faque devant la force de nerfs de c’fonctionnaire d’la Foi et du Seigneur qui face à l’atroce s’énervait pas, ses tortionnaires, pour s’en approprier l’courage, arrachent son écorce, l’honorent, dévorent la force hors de son torse saignant régalés d’ce cœur dévot, rêveur qui, après leur avoir volé des forêts aura réussi à eux aussi les dévorer
De toutes nos légendes qu’on aura mangées à grands coups d’certitudes, qu’est-ce qui s’restitue Une hémorragie sans goût, une détresse titubante, béante, baie entière d’épinettes ébranchées des binettes, des p’tits bouts d’êtres retranchés sculptés par l’étranger Au cœur du parc, on entend chanter l’angine à travers le vent gémit l’Évangile que prononcent ces cultures, sœurs des forêts pour nos sépultures, nos mœurs dévorées
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