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Patrimoine

Curieux objets - Les crèches de Noël

18 décembre 2019

Texte de Jean Provencher

Savez-vous que la Ville de Québec possède une collection de plus de 15 000 objets? Chaque mois, découvrez un pan méconnu ou inusité de l'histoire de notre municipalité grâce à cette série de chroniques signées par l'historien Jean Provencher.

La joie des crèches du temps des Fêtes!

Nous sommes assurément plusieurs à avoir toujours aimé les crèches. L'histoire est simple et attachante. L'Enfant, ses parents, l'âne et le bœuf. La grande collection de la Ville de Québec possède de nombreuses crèches. Arrêtons-nous au travail de deux artistes.

Par bonheur, on y trouve la série de crèches de pierre d'Irénée Lemieux (1931-2005), artiste multidisciplinaire trop peu connu. Ce sympathique personnage, qu'habitant Sainte-Foy, j'ai eu la chance de connaître, originaire d'Armagh, sur la Côte-du-Sud, imagina tout un lot de petites crèches, simplement formées de trois pierres grises de grosseur différente pour représenter l'Enfant et ses parents. Un mot sur ce créateur : il fut peintre, céramiste, sculpteur, illustrateur, chef d'orchestre et taxidermiste. Avec son frère et quelques compagnons, il fonda l'orchestre La Sinfonia, qui se produisit au Canada, en France, en Suisse, en Italie, en Autriche et en Allemagne. Il composa plusieurs œuvres musicales, dont certaines inspirées du folklore wendat.

Dans la collection de la Ville de Québec, on trouve aussi une crèche de l'artiste Rose-Anne Monna. Venant de France et arrivée au Québec, à Saint-Denis-sur-Richelieu, en 1952, elle mena une carrière de céramiste consacrée à l'art religieux pendant 53 ans. Elle aimait sortir des sentiers battus pour proposer des figurines de son cru plutôt que de se conformer aux conceptions traditionnelles. On a fait souvent appel à elle pour collaborer au décor d'églises du Québec et plusieurs de ses créations sont d'une naïveté fort attachante.

L'évocation de ces crèches me mène à celles que nous retrouvons dans les églises au lendemain du premier dimanche de l'Avent. Autrefois, dans les villes du Québec possédant plusieurs églises, nous aimions faire la tournée des crèches avec l'un ou l'autre de nos parents. Et, bien sûr, nous étions amenés à comparer. Où en est cette tradition aujourd'hui, je l'ignore. Mais, enfants que nous étions, nous partions la joie au cœur, le jour de ces visites, ayant apporté quelques sous pour donner à l'ange, tout près, qui saluait du bonnet pour nous remercier.

Il y a plus de cent ans, de toutes les crèches de Québec, on répétait que la crèche de l'église de Saint-Sauveur était la plus belle. Au sujet de cette création, le quotidien Le Soleil, écrit le 31 décembre 1908 : « La foule ne cesse d'affluer à la crèche de l'Enfant Jésus. Faut dire aussi qu'elle est la plus belle de la ville et qu'elle est d'un réalisme frappant. Il a fallu plusieurs jours d'un dur labeur pour faire l'installation de ce chef-d'œuvre du genre. C'est une fête pour les enfants que d'aller voir et contempler le Divin Enfant dans sa Crèche. »

L'architecte Raymond Martineau, né en 1912 et décédé en 2004, raconte comment enfant il aimait la visite des crèches à Québec, en particulier celle de l'église de Saint-Sauveur, qui comportait des montagnes avec des tunnels d'où sortait un petit train électrique ; des côtes où montaient et descendaient — tout seuls — des voitures et des camions miniatures ; un ciel où apparaissaient des étoiles et des anges lumineux. On aurait pu regarder ça pendant des heures !

Personnellement, je vous recommanderais celle-ci, au 215, avenue des Oblats, et la crèche de l'église de Notre-Dame-de-la-Garde, au 761, rue Champlain. Mais toutes sont belles. L'une de nos prises au sol fut longtemps les crèches de Noël dans les églises. Pour être certain de ne pas vous buter à la porte fermée d'une église, je téléphonerais au presbytère de l'endroit.

Référence : Raymond Martineau, Mémoires d'enfance, Éditions MultiMondes et Société historique du Cap-Rouge, 2004.

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