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Texte de Jean Provencher
Savez-vous que la Ville de Québec possède une collection de plus de 15 000 objets? Chaque mois, découvrez un pan méconnu ou inusité de l’histoire de notre municipalité grâce à cette série de chroniques signées par l’historien Jean Provencher.
Marcher à travers la collection d’objets variés de la Ville de Québec nous fait soudain découvrir des écussons et des épinglettes colorés, liés à la vie du curling à Québec.
Qui connaît vraiment ce sport ? On imagine bien deux équipes lançant des pierres sur une glace fine, espérant atteindre le cœur d’un cercle tout au bout. Mais encore !
Quand donc a été fondé le curling ? Le débat a cours à ce sujet. Mais, déjà, au début du 17e siècle, des documents écrits témoignent qu’à plusieurs endroits, en Écosse, on peut trouver d’excellentes pierres « pour le jeu appelé curling ». Durant les années 1700, les Écossais en définiront les règlements. Au début de 1800, des émigrants lowlanders d’Écosse, habitant la partie sud de ce pays où on joue au curling, arrivent à Montréal et fondent le Montreal Curling Club. Et, dès le départ, on note une prédominance du monde des affaires de langue anglaise dans ce sport.
À Québec, on joue bien au curling quand le pont de glace prend à la glace fine, mais, parfois, celui-ci ne se forme pas ou est couvert de bourguignons, de morceaux de glace çà et là empêchant de jouer. À vrai dire, le curling naît vraiment à Québec en janvier 1862 avec la mise en place d’un « skating rink » que le club Stadacona partagera avec les promoteurs du patin à glace. On continue de jouer en plein air sur le fleuve lorsqu’il s’y prête, mais on préfère bien sûr une glace fine pour tout l’hiver.
À Québec, le premier joueur de curling à consonance française est un commerçant de bois, P. R. Poitras, en 1856 ; il joue pour le Quebec Curling Club. Le second, Benjamin Rousseau, est un as dans le domaine. Le journal Le Canadien écrit, le 8 mars 1861, qu’À la grande partie de jeu de galets [ainsi appelait-on alors le curling chez les Québécois de langue française] qui a eu lieu dernièrement dans la rue Saint-Paul, M. Benjamin Rousseau a battu tous ses concurrents et a gagné la tabatière d’Or.
Il faut comprendre que le curling est un jeu, un sport, mais aussi un lieu de sociabilité. Rien n’est violent comme dans beaucoup de nos sports d’aujourd’hui. Au cours des années 1890, le curling féminin se structure dans les clubs autour de sections féminines. L’événement se produit à Québec en 1898, et, deux ans plus tard, le Quebec Curling Club est complètement mixte. En 1906, six clubs de curling au Québec comptent 299 membres féminins. Auparavant, avant 1890, les femmes sont spectatrices et accompagnatrices et elles jouent de façon informelle à l’occasion.
Tous membres confondus, on note qu’en 1922, deux groupes de curling regroupent 221 membres. En 1940, à Québec, voilà quatre clubs et, vingt ans plus tard, neuf clubs. À l’échelle du Québec tout entier, on vit l’âge d’or de la sociabilité dans le monde du curling.
Aujourd’hui, à Québec, on retrouve le club de curling Victoria et le Jacques-Cartier. Le Victoria fut fondé en 1887. Pendant longtemps, son édifice se trouvait rue Grande Allée, là où sont aujourd’hui les édifices J et H. Exproprié en 1968, il acheta un terrain dans le Parc Colbert à Sainte-Foy, là où il se trouve toujours. Le club Jacques-Cartier, lui, premier club au Canada à majorité francophone, fondé dans le parc Victoria en 1925, se trouve aujourd’hui sur boulevard René-Lévesque Ouest, dans le quartier Saint-Sacrement, à Québec.
Sur le curling, on consultera avec profit le livre de Pierre Richard, Curling… ou le jeu de galets. Son histoire au Québec (1807-1980), 2007.
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