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Texte de Louise Côté
Ce billet de blogue est un complément d’information au deuxième épisode de la série web Suivez le Guide!, réalisée en collaboration avec Kollectif. En compagnie de diverses personnalités, la série met de l’avant l’architecture et le patrimoine de quatre quartiers de la ville de Québec.
Ce texte est extrait du cahier Découvrir Québec - Arrondissement de la Cité-Limoilou.
Le long des avenues des Érables et du Parc du quartier de Montcalm, les ornements et les détails architecturaux valent le détour : jeux de briques, escaliers de fer ou de bois ouvragé, toitures élaborées, tourelles ou fenêtres arquées. L’influence britannique est indéniable dans l’aménagement et l’architecture de ces deux belles avenues ouvertes au tournant du 20e siècle pour la bourgeoisie de Québec, alors en grande partie anglophone.
En 1874, on annonce que le tramway hippomobile de Québec aura son terminus aux limites de la ville, près de l’avenue De Salaberry. L’occasion est belle d’amorcer le développement de la banlieue qui vient d’accéder au rang de municipalité sous l’appellation de Notre-Dame-de-Québec-banlieue. L’homme d’affaires Léonard-Irénée Boivin propose alors un plan de lotissement moderne et ambitieux entre les actuelles avenues De Salaberry et De Bourlamaque, qui donnera notamment naissance à l’avenue Cartier. Dans la foulée, John Henry Ross Burroughs entreprend aussi de lotir sa propriété. Elle est située plus à l’ouest, au-delà de l’avenue De Bourlamaque, entre les chemins Saint-Louis et Sainte-Foy.
Burroughs donne le coup d’envoi de son projet en ouvrant la Maple Avenue, un nom francisé ultérieurement. Il y fait construire une terrasse en 1878, aujourd’hui les 1061-1135 de l’avenue des Érables. Ce type d’habitation popularisé en Angleterre n’est pas une simple succession de maisons mitoyennes, mais bien un ensemble monumental, pensé comme tel, composé d’unités qui partagent un même concept architectural. En dessinant l’ensemble de neuf maisons, l’architecte Joseph-Ferdinand Peachy reprend son style de prédilection, le Second Empire, caractérisé par la toiture mansardée et la richesse de l’ornementation inscrite autant dans la pierre et la brique que dans les boiseries ouvragées des portes. Peachy conçoit aussi la terrasse Bijou dont il reste aujourd’hui les 975-991 de l’avenue des Érables. Le ton est donné : jusqu’à la Première Guerre mondiale, les terrasses déclinées en une variété de modèles auront la faveur des développeurs du secteur. On y construira aussi des maisons jumelées ou en rangée, car la mitoyenneté, modèle par excellence de l’habitat urbain, devient l’une des particularités du futur quartier de Montcalm.
À Québec, la reprise économique du tournant du 20e siècle favorise l’expansion de la ville et son débordement dans Notre-Dame-de-Québec-banlieue. L’urbanisation est facilitée par la mise en service du tramway électrique en 1897, dont les deux lignes se croisent sur l’avenue des Érables. L’activité y est intense vers 1900, si bien que Le Soleil du 25 août 1900 prévoit que l’avenue des Érables sera occupée bientôt « par une classe de résidences élégantes ».
La fébrilité en cours incite le conseiller municipal Walter Sharpe à lotir lui aussi sa propriété. Contraint par la présence de la maison Fraser et guidé surtout par le désir de rentabiliser l’espace au maximum, il ouvre en 1902 une avenue parallèle à des Érables, la Park Avenue. Puis, l’homme d’affaires commande une terrasse auprès de la firme d’architectes Staveley et Staveley. Cette dernière livre les plans des 1069-1145 de l’avenue du Parc, un ensemble remarquable de 11 maisons conçues selon 6 modèles différents. En 1916, les Staveley réalisent le jumelé du 1185-1195, qui contribue aussi à l’engouement sur cette avenue pour la brique rouge et le style des cottages anglais.
La municipalité devient Ville-Montcalm en 1908. Elle tente de contrôler sa croissance en adoptant des règlements qui interdisent par exemple la présence de manufactures et de maisons de bois sur le territoire. On impose aussi la valeur minimale des futures maisons des avenues des Érables et du Parc, qui demeureront ainsi la chasse gardée de la bourgeoisie. Gens d’affaires, marchands, détaillants, industriels et représentants de grandes compagnies s’y établissent, surtout des anglophones qui dominent à cette époque le monde des affaires. Le caractère bourgeois des deux avenues est accentué par l’aménagement à proximité du parc des Champs-de-Bataille, nouvellement créé.
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