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Montmorency

Chute de la Dame blanche

Aux sources de l’électricité

À proximité de la spectaculaire chute Montmorency, la Dame blanche se révèle tout en finesse. Issue d’eaux souterraines qui font résurgence au sommet du cap, elle s’écoule le long de la falaise abrupte en un filet très mince, presque un voile. À ses pieds, la nature a repris ses droits. Mais des vestiges de pierre et de ciment évoquent un passé plus turbulent, voire électrisant.

Des noms évocateurs

La Dame blanche tire son nom d’une légende qui demeure encore aujourd’hui bien vivace. À l’été 1759, la ville de Québec est assiégée par les Britanniques. Le beau Louis quitte la côte de Beaupré pour prêter main-forte à l’armée française déployée sur la côte de Beauport. Le 31 juillet, lors de la bataille de Montmorency, Louis meurt au combat. Folle de douleur, sa fiancée Mathilde enfile sa robe de mariée, puis se jette du haut de la chute Montmorency.

Depuis, certains prétendent que le fantôme de Mathilde apparaît les soirs de pleine lune, fine silhouette blanche aux abords de la chute. On dit aussi que son voile de mariée, emporté par le vent, se serait déposé sur les rochers pour former, ici même, une nouvelle cascade : la Dame blanche, appelée aussi le Voile de la mariée ou la Petite Chute.

Une première au pays

Au-delà de la légende, le site de la Dame blanche a un passé industriel dont il reste bien peu de traces. En 1884 pourtant, la compagnie Quebec and Levis Electric Light y installe la première centrale hydroélectrique au pays. Elle prend place dans une ancienne manufacture de seaux et de manches à balai des établissements Hall. L’imposant bâtiment de pierre se trouve au sud de la voie ferrée.

La centrale produit de l’électricité à l’aide d’une génératrice à turbine. Elle est alimentée par une conduite forcée, ou canalisation, dont la prise d’eau est située au sommet de la chute. Là où les eaux souterraines font résurgence.

La magie de l’électricité

Le 29 septembre 1885, l’ingénieur Sigismund Mohr réalise un véritable exploit sur ce site. Il réussit alors à transporter l’électricité de la centrale jusqu’à la terrasse Dufferin de Québec, 12 kilomètres plus loin. L’acheminement de l’électricité sur une si longue distance est une nouvelle première au pays!

Ce soir-là, la foule se masse sur la terrasse Dufferin. Vers 20 heures, les 34 lampes à arc qu’on y a installées s’illuminent sous le regard ébahi des spectateurs. Mohr, le « héros de l’électricité », écrit-on dans les journaux locaux, répète sa prouesse plusieurs jours d’affilée, « comme par une baguette magique ». L’engouement est total : les citoyens réclament l’électricité dans la ville.

Croissance et étatisation

En 1886, pour éclairer les rues et les maisons de Québec, on ajoute trois génératrices à la centrale de la Dame blanche. Puis, la compagnie d’électricité entreprend la construction d’une nouvelle centrale pourvue de trois autres génératrices. Située à l’est de la première centrale, elle est terminée en 1895. Mais on doit bientôt en augmenter la puissance.

Car les besoins vont grandissant. Les centrales de Montmorency sont pendant longtemps la principale source d’électricité de la ville de Québec. Elles alimentent aussi les industries, dont la Dominion Textile, le tramway électrique et le « petit train électrique de Sainte-Anne-de-Beaupré ».

La centrale de la Petite Chute poursuit son expansion au cours du 20e siècle sous différentes raisons sociales, dont celle de la puissante Quebec Railway Light, Heat and Power. On cesse toute activité à Montmorency en 1964, lorsque Hydro-Québec, une société d’État, prend le contrôle de la distribution de l’électricité à l’échelle nationale. Les installations de la petite chute sont démolies en 1974.

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