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Les deux nobles bâtiments de brique rouge qui font face au Grand Théâtre de Québec, un peu en retrait du boulevard René-Lévesque, ont d’abord servi d’hôpital. Leur qualité architecturale et le concept qui a présidé à leur construction témoignent des ressources substantielles, du dynamisme et de la culture propres à la communauté anglo-protestante de Québec. Ils rappellent l’importance de l’héritage qu’elle a légué à Québec.
Le complexe résidentiel des nos 270-350 René-Lévesque comprend deux bâtiments classés patrimoine culturel par le gouvernement du Québec. Ces deux élégants édifices, situés du côté ouest du complexe, ont été construits entre 1900 et 1906 pour abriter l’hôpital Jeffery-Hale.
Cet établissement nommé en l’honneur du riche marchand Jeffery Hale, qui a légué par testament une importante somme d’argent à cette fin, en 1864, est d’abord implanté rue Saint-Olivier, tout près des remparts entourant le Vieux-Québec, en 1867. À la fin du 19e siècle, cependant, il est devenu trop exigu et ne répond plus aux normes de la médecine moderne. Quelques autres philanthropes de la riche communauté anglophone de Québec, tels William Price, James Gibb et Elizabeth McKenzie, prennent alors le relais et puisent dans leur fortune les sommes nécessaires à la construction d’un nouvel hôpital.
Le projet de renouvellement des services hospitaliers destinés à la communauté anglo-protestante prend forme en 1895 lorsque la Corporation du Jeffery-Hale achète aux Augustines de l’Hôtel-Dieu ce vaste terrain situé en périphérie de la ville. Cent ans plus tôt, les militaires y avaient construit la tour Martello no 3, mais, devenue inutile, elle sera démolie en 1904.
L’une des caractéristiques « modernes » du nouvel hôpital, qui ajoute aujourd’hui à sa valeur patrimoniale, est sa conception pavillonnaire. Il était en effet composé de bâtiments distincts qui servaient à séparer les malades plus ou moins contagieux les uns des autres, après la découverte de la transmission des maladies par germes et microbes. Cette division s’inscrit aussi dans un mouvement de spécialisation de la médecine. Un passage couvert aujourd’hui disparu reliait les deux bâtiments. Un troisième édifice, le Douglas Building, réservé aux tuberculeux, a été démoli, ainsi que la chaufferie, mais l’ancienne résidence des infirmières existe toujours, à l’arrière des pavillons, et l’ensemble est donc bien préservé.
Une autre caractéristique d’origine de cet hôpital est son emplacement sur un vaste terrain agrémenté d’un aménagement paysager, en retrait de la voie de circulation.
La qualité architecturale de ces bâtiments explique principalement leur classement. Les architectes montréalais Alfred Arthur Cox et Louis-Auguste Amos en ont dressé les plans. Le pavillon principal situé du côté ouest, sur la gauche, érigé en 1900-1901, est d’influence néo-Queen Anne. L’usage décoratif de la brique, le jeu des couleurs, les lucarnes à la hollandaise et les tours à toit pyramidal lui confèrent de la classe et une forte personnalité. Le McKenzie Memorial Building, à sa droite, est encore plus impressionnant avec ses trois étages et son large dôme. Construit entre 1904 et 1906, il ajoute une touche néobaroque avec son avant-corps central à colonnes couronné d’un fronton, flanqué de tours coiffées de petits dômes. Ces deux pavillons, par leurs similitudes de volume, de composition et de matériaux, forment un ensemble harmonieux et constituent toujours un élément fort du paysage urbain dans ce secteur de la ville.
À la fin des années 1940, ces installations sont de nouveau rattrapées par les développements de la médecine et jugées désuètes. Un nouvel hôpital Jeffery-Hale est construit dans le quartier Saint-Sacrement et accueille ses premiers patients en 1955. Le ministère des Travaux publics du Québec acquiert alors les anciens bâtiments pour y loger les bureaux de la Sûreté du Québec. Jusqu’en 1979, la Morgue provinciale occupera l’ancienne chapelle dédiée à saint Barnabé, à l’arrière du pavillon principal. La Société d’habitation du Québec s’en porte ensuite acquéreur et y implante un ensemble résidentiel particulièrement bien intégré aux bâtiments patrimoniaux d’origine.
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