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Le faubourg Saint-Jean est le plus vieux secteur du quartier Saint-Jean-Baptiste. Pourtant ses plus vieilles habitations, d’esprit français, ne remontent qu’au milieu du 19e siècle et sont peu nombreuses. Mis à part les bâtiments de prestige de la rue Saint-Jean, l’unité architecturale des rues adjacentes révèle l’histoire de ce modeste faubourg, dont l’apparente uniformité cache en réalité une diversité qu’il faut saisir.
Dès l’époque de la Nouvelle-France, les habitations du faubourg Saint-Jean sont modestes en comparaison de celles construites à l’intérieur des remparts et près du port. Au cours du 19e siècle, ce secteur continue d’abriter en majorité une population de gagne-petit. Les rues situées au nord de la rue Saint-Jean ont depuis conservé une grande unité architecturale. Les bâtiments contigus habituellement en brique, de gabarit semblable, se succèdent en cadence régulière le long de rues se coupant à angle droit. Seules de spectaculaires percées visuelles vers les Laurentides et la basse-ville rompent l’impression générale de sobriété. Mais cette apparente uniformité cache une histoire subdivisée en quelques grandes étapes.
Les plus vieilles maisons du faubourg ont été construites après l’incendie de 1845 qui a ravagé la totalité de ce qui existait auparavant. Elles s’élèvent à l’est de la rue Sainte-Geneviève, dans un secteur que la conflagration de 1881 a épargné. Bien que plusieurs de ces maisons aient troqué leur revêtement original en bois pour de la brique et qu’elles aient été surhaussées d’un étage, quelques-unes ont conservé leurs caractéristiques d’origine.
L’ancienne résidence située au no 738-740 rue Richelieu comporte toujours un seul étage et un toit à double versant percé de lucarnes, comme à l’origine. Elle a aussi conservé son revêtement de lattes en bois horizontales typique. La maison voisine, au no 744-746, perpétue elle aussi le style hérité de la période Nouvelle-France. Plus imposante avec ses deux étages, elle s’est conformée dès l’origine au nouveau règlement municipal visant à réduire les risques d’incendie, avec son revêtement de pierres et ses murs coupe-feu. Sa porte cochère menait à l’écurie située dans la cour arrière.
De l’autre côté de la rue, le toit en mansarde du no 741-745 est recouvert de tôle dite « à la canadienne », une technique remontant au milieu du 18e siècle.
À la suite du sinistre de 1881, le faubourg Saint-Jean connaît une période d’effervescence et de forte croissance de sa population. De petits entrepreneurs et des artisans spécialisés prennent la relève des familles dans la construction des nouveaux édifices en brique, plutôt qu’en bois. À l’ouest de la rue Sainte-Geneviève, presque toutes les habitations ont désormais deux ou trois étages et le style Second Empire gagne en popularité. Les toitures en mansarde, offrant plus d’espace et un meilleur éclairage sous les combles, remplacent les toits à double versant. Certains propriétaires de maisons épargnées par l’incendie l’adoptent à leur tour, comme aux nos 741-745 et 710 Richelieu. De plus, des linteaux en pierre plus ou moins ouvragés décorent fréquemment les portes et les fenêtres, comme au no 650 Richelieu.
Au tournant du 20e siècle, la densification du faubourg s’accentue. De nouvelles rues sont ouvertes à l’ouest de la rue Racine – aujourd’hui Philippe-Dorval – et les édifices à trois étages se multiplient. Le toit plat, plus économique, s’impose également au détriment du toit en mansarde. L’ornementation se fait plus discrète. Les édifices des nos 684-698 et 659-675 Richelieu représentent bien les constructions à toit plat de cette période. Le premier bénéficie d’une large corniche très ornementée, de moulures élaborées et de linteaux ouvragés, le second présente une façade beaucoup plus sobre.
À compter des années 1970-1980, tout ce secteur généralement mal en point connaît un nouveau souffle. Plusieurs habitations sont réparées, rénovées et réaménagées, de sorte que ce milieu urbain devient beaucoup plus confortable et accueille une population diversifiée.
Au début des années 1970, plusieurs maisons du quartier Saint-Jean-Baptiste étaient abandonnées. Bien des résidents préféraient déménager dans les banlieues. Le jeune architecte Rénald Gadoury a choisi au contraire de faire revivre un bâtiment patrimonial pour y élever sa famille, en plein cœur du centre-ville.
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