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L’influence de J.-F. Peachy sur le patrimoine de la ville de Québec est considérable, en particulier dans le quartier Saint-Jean-Baptiste où se trouvaient sa résidence et son bureau. Très actif entre 1865 et 1890, il est souvent identifié au style Second Empire, qu’il a été le premier à appliquer à des résidences privées comme celle-ci (no 429). La manière Peachy a longtemps conféré à la Grande Allée sa signature de prestige.
En début de carrière, Joseph-Ferdinand Peachy s’inscrit dans la tradition de sobriété architecturale qui domine alors le paysage de Québec. Il fait son apprentissage auprès du réputé architecte Charles Baillairgé, puis, de 1853 à 1866, il devient son assistant et son associé. Lorsque la Ville de Québec recrute Baillairgé comme surintendant des travaux, ce dernier abandonne sa pratique architecturale et la carrière de Peachy prend son envol.
Il réalise de nombreuses commandes pour des municipalités, banques, fabriques paroissiales et congrégations religieuses, pour lesquelles il dessine églises et divers édifices publics et commerciaux, qui s’inscrivent dans la continuité de ses premières œuvres.
À compter de 1876, avant la mise en chantier du parlement du Québec, dont l’architecte Eugène-Étienne Taché adoptera le style Second Empire, Peachy applique en pionnier cette influence venue de France au dessin de six maisons en rangée construites rue Sainte-Anne, dans le Vieux-Québec. Ce style plus expressif, comportant davantage d’éléments décoratifs, sera désormais associé aux réalisations de Peachy et marquera l’architecture de Québec pendant des décennies.
La principale caractéristique de ce style est probablement le toit en mansarde qui connaîtra une grande popularité, surtout pour son côté pratique, puisqu’il accroît l’espace habitable sous les combles. Les linteaux ouvragés, qui surmontent et enjolivent les fenêtres en façade, sont une autre caractéristique courante de ce style, tout comme les fenêtres en saillie, parfois très ouvragées, qui donnent du relief aux bâtiments.
Lors du séjour qu’il effectue en France en 1879, pour renouveler sa pratique, Peachy étudie de près les styles Second Empire et néo-Renaissance qui ont alors la cote en Europe. Cette influence donnera à ses réalisations futures encore plus d’exubérance et d’originalité.
Entre 1877 et 1895, Peachy dessine 32 résidences privées pour de riches résidents de la Grande Allée, dans le style Second Empire. Les plus prestigieuses ont été démolies dans les années 1960. Elles faisaient face au parlement et se distinguaient par une profusion d’éléments décoratifs raffinés : flèches et mâts sur les hautes toitures cintrées, œil-de-bœuf surmontés de frontons ciselés, crêtes faitières en fer forgé, corniches à modillons, luxueux oriels gonflant les façades, linteaux et archivoltes parant les fenêtres étroites, bandeaux en pierre de couleur contrastée...
Les maisons les plus représentatives de cette prospère élégance Second Empire qu’affectionnaient Peachy et ses riches clients subsistent aux nos 455-555 Grande Allée.
La maison du no 429 rue Saint-Jean dessinée par Peachy appartenait à F.-X. Dussault, co-propriétaire d’une grande manufacture de tabac située au cœur du quartier Saint-Jean-Baptiste – aujourd’hui recyclée en logements. Elle est un bon exemple de ces luxueuses résidences privées de style Second Empire. Peachy, qui habitait et travaillait rue Saint-Jean en a dessiné sept autres pour des résidents de cette rue.
C’est aussi rue Saint-Jean que se trouve le bâtiment considéré comme le chef-d’œuvre de Peachy : l’église de Saint-Jean-Baptiste. Il en dresse les plans tout juste après l’incendie qui ravage l’édifice en 1881. La façade, complètement transformée, exprime sa grande maîtrise des courants nouveaux qui l’inspiraient. L’intérieur démontre également sa virtuosité dans l’usage de l’espace et du vocabulaire architectural qu’il avait fait sien à son retour d’Europe.
J.-F. Peachy était engagé à plusieurs titres dans sa communauté. Il a servi comme marguillier de sa paroisse, membre du conseil municipal de Québec pendant 20 ans, ainsi que membre fondateur et président de l’Association des architectes de la province de Québec. Plusieurs jeunes architectes ont d’ailleurs fait leur apprentissage dans son bureau, dont Joseph-Pierre-Edmond Dussault, qui lui succèdera, ainsi qu’Elzéar Charest et Georges-Émile Tanguay qui habitaient tous deux dans le quartier. Tanguay sera plus tard le meneur d’une nouvelle transition architecturale à Québec.
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