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En 1876, l’incendie qui ravage le modeste faubourg Saint-Louis, composé de centaines de petites maisons de bois, entraîne sa métamorphose progressive, à l’ombre du prestigieux parlement qu’on y construit alors. Il perd définitivement son caractère résidentiel et populaire dans les années 1960, à la faveur du vent de modernité qui souffle sur le quartier. Des citoyens parviennent tout de même à préserver une partie de sa trame ancienne.
À l’ombre des gratte-ciels, on peut encore observer la trace des premiers arpentages réalisés au 17e siècle dans ce qui est devenu le quartier Saint-Jean-Baptiste. La curieuse bifurcation de la rue Scott, à la croisée de la rue Saint-Gabriel, et le tracé de la rue Saint-Patrick, quelques pas plus loin, épousent le pourtour des premières terres concédées. On peut aussi percevoir dans le dédale capricieux des petites rues qui s’entrecroisent au nord de la rue Saint-Patrick, où se situait la frontière séparant les faubourgs Saint-Louis et Saint-Jean, comment le premier s’est développé suivant la fantaisie des propriétaires, alors que le second reposait sur un plan orthogonal strict.
Dans la première moitié du 19e siècle, une population de gagne-petit se construit de modestes maisons de bois dans un périmètre délimité sur trois côtés par des terrains réservés aux militaires. Du côté nord, le faubourg Saint-Jean, plus ancien, limite l’expansion du nouveau faubourg Saint-Louis.
Plusieurs familles d’origine irlandaise, arrivées à Québec à compter des années 1830, demeurent dans les rues Scott, O’Connell, Saint-Patrick et adjacentes. Ces Irlandais trop pauvres pour poursuivre leur route jusque dans les grandes villes anglophones du continent, où se concentrent les immigrants irlandais, constituent une main-d’œuvre à bon marché et font concurrence aux Canadiens français qui habitent autour d’eux. Les tensions sont parfois vives entre ces deux groupes ethniques de langue différente.
Le 30 mai 1876, un incendie majeur détruit 411 maisons du faubourg Saint-Louis et jette 3000 personnes à la rue. Seul le couvent Bon-Pasteur échappe au brasier. La reconstruction introduira une différence marquée entre les secteurs sud et nord du faubourg. Au sud, sur la Grande Allée, de riches propriétaires se construisent de luxueuses demeures près du nouveau parlement, inauguré en 1886. Dans le secteur nord réapparaissent de petites maisons à deux ou trois étages, dont certaines empruntent au parlement son toit mansardé, voire une façade de pierre. Plusieurs habitants travaillent d’ailleurs dans cet édifice.
Le faubourg Saint-Louis se densifie jusqu’aux années 1910-1920. Puis l’expansion de la colline Parlementaire, où le gouvernement fait construire quatre grands édifices à l’arrière du parlement entre 1910 et 1937, afin de loger ses fonctionnaires, commence à gruger la trame résidentielle du faubourg. Les expropriations successives de résidents des rues Sainte-Julie, Saint-Augustin et de l’actuelle Louis-Alexandre-Taschereau annoncent une phase de transformation encore plus marquée qui se produira dans les années 1960. En attendant, cette croissance de la fonction publique procure encore plus d’emplois aux résidents du quartier et continue de servir de modèle architectural.
Dès le début des années 1960, les nouvelles missions que se donne l’État québécois dans plusieurs secteurs clés: éducation, santé, développement économique, soutien aux aînés et aux démunis – le moteur de ce qu’on a appelé la Révolution tranquille – oblige le gouvernement du Québec à embaucher des milliers de fonctionnaires additionnels. Et il faut leur fournir des bureaux, donc construire de nouveaux édifices. Le gouvernement choisit de prioriser l’expansion de la cité administrative sur et autour de la colline Parlementaire.
La construction des complexes G et H (les édifices Marie-Guyart et Jean-Talon), des édifices en hauteur adjacents et du réseau routier qui facilite l’accès à ces bâtiments, va faire disparaître presque tous les secteurs modestes et anciens du faubourg Saint-Louis. Seules de petites parties de la trame remontant au 19e siècle – après l’incendie de 1876 – seront sauvegardées grâce à l’action de citoyens déterminés à les préserver. Aujourd’hui, on peut voir ces maisons de deux ou trois étages serrées les unes contre les autres, dans les rues de Claire-Fontaine, Scott, Saint-Patrick, De Lorne, Berthelot, Burton et Prévost, légèrement à l’ouest de la colline Parlementaire. C’est tout ce qu’il subsiste de l’ancien faubourg Saint-Louis.
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