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En 1908, la Commission des champs de bataille nationaux reçoit le mandat de créer un vaste parc urbain sur d’anciens terrains militaires s’étendant sur les plaines d’Abraham, entre la Grande Allée et la falaise qui surplombe le fleuve Saint-Laurent. Québec se dote ainsi d’un magnifique parc aux usages aussi variés qu’appréciés par d’innombrables résidents et touristes. Il a cependant fallu s’armer de patience pour réaliser le projet.
Les plaines d’Abraham tiennent leur nom d’un usage populaire remontant aux premières décennies de la Nouvelle-France, quand, de 1635 à 1667, une partie de ces terres appartenait à Abraham Martin. Il empruntait également un chemin devenu la côte d’Abraham pour mener boire ses vaches à la rivière Saint-Charles.
Dès que les militaires britanniques quittent Québec en 1871, les autorités municipales se demandent ce qu’il adviendra des terrains qui leur étaient réservés sur les plaines d’Abraham, au sud de la Grande Allée. Des entrepreneurs les convoitent pour y construire des résidences destinées aux mieux nantis de la ville. Mais, bientôt, un tout autre consensus se dégage : ces vastes espaces verts – qui sont aussi un lieu de mémoire capital – doivent être préservés et transformés en parc urbain.
En 1901, le gouvernement fédéral acquiert un premier terrain à cette fin, près de l’actuel Musée national des beaux-arts du Québec. Il souhaite en faire coïncider l’inauguration, ainsi que celle du pont de Québec, avec les célébrations marquant le 150e anniversaire de la bataille des Plaines d’Abraham, qui a scellé le sort de la Nouvelle-France. Mais l’effondrement du pont en construction, en 1907, change les plans.
L’année suivante, le gouvernement fédéral relance le projet en créant la Commission des champs de bataille nationaux, à laquelle il confie deux mandats : organiser les fêtes du 300e anniversaire de la ville de Québec et réaliser le parc des plaines d’Abraham.
Non seulement ces festivités sont un grand succès, mais le projet de parc en bénéficie grâce à l’acquisition de plusieurs terrains. L’année suivante, la Commission fait appel à l’architecte paysagiste montréalais Frederick G. Todd pour élaborer le plan d’aménagement du parc. Todd soumet un projet qui englobe toutes les terres situées à l’ouest des fortifications, jusqu’au domaine Marchmount (aujourd’hui le Collège Mérici), soit la superficie totale du parc actuel.
Formé auprès du concepteur de Central Park à New York, Todd s’inspire du style pittoresque anglais. Il privilégie les aménagements paysagers irréguliers reproduisant la nature à l’état sauvage, dans une version idéalisée. Il intègre également l’histoire en conservant les tours Martello. Il va jusqu’à proposer la démolition de la prison dessinée par Charles Baillairgé (aujourd’hui l’un des pavillons du Musée des beaux-arts) pour retrouver les vestiges de la redoute Wolfe et ajouter des ruines romantiques. Suggestion rejetée.
Le plan de Todd est mis en œuvre à compter de 1912. Divers travaux de terrassement et de reboisement sont réalisés jusqu’à ce qu’éclate la Première Guerre mondiale. Le projet ne redémarrera qu’à la fin des années 1920. La Grande Dépression des années 1930 en accélère la réalisation grâce à l’embauche de chômeurs par l’État, qui souhaite ainsi stimuler l’économie. Plusieurs bâtiments présents sur les Plaines sont démolis à cette époque. La Ville en profite aussi pour construire un vaste réservoir d’eau souterrain près de la tour Martello no 1. Les débuts de la Seconde Guerre mondiale interrompent à nouveau les travaux, qui ne reprendront qu’en 1952.
Aujourd’hui, le parc des Champs-de-Bataille – toujours appelé plaines d’Abraham par la population de Québec – s’étend sur la superficie totale prévue par Todd, soit 103 hectares. Cet immense parc urbain accueille en toute saison des dizaines de milliers de personnes en quête de détente et de loisirs. En été, plusieurs spectacles à grand déploiement et des concerts intimes y prennent l’affiche sans affecter le calme bucolique d’autres sections du parc, où l’on pratique la course, le vélo et divers sports d’équipe. En hiver, ski, glissade et raquette à neige prennent la relève. Le Carnaval d’hiver y tient également plusieurs activités. Les amateurs de fleurs aiment quant à eux fréquenter le jardin Jeanne-d’Arc, créé à même les Plaines en 1938. La vocation commémorative a également été préservée et mise en valeur par la Commission. En tout temps, les promeneurs y jouissent d’un contact privilégié avec la nature.
Le Jardin Jeanne-d’Arc est un écrin d’une grande beauté situé sur les plaines d’Abraham. Chaque année, ce site enchanteur devient le terrain de jeux d’horticultrices passionnées qui y réalisent un aménagement floral où se côtoient tradition et créativité. Étienne Casgrain, responsable des espaces verts du parc des Champs-de-Bataille, évoque les attentions particulières qu’elles portent à leur jardin.
Cette pièce a été trouvée lors des fouilles du blockhaus situé près de la Citadelle de Québec. Plusieurs fragments ont subi l'effet du feu. Collection archéologique de la Commission des champs de bataille nationaux.
Objets trouvés lors des fouilles des sites Tour Martello 2 et Grands événements (Cove fields), sur les plaines d’Abraham. Brosse faite d’os, marquée à la main « 2909 R. McL / R 71 » (soldat du 71e Régiment). Domino fait d’os et de caoutchouc, probablement 2e moitié du 19e siècle. Trophée, 1929-30 en grès de type Derbyshire. Angleterre, 1800-1875. Pipe en terre cuite argileuse blanche. Inscription «E DUMERIL» à l’intérieur du tuyau. Émile Dumeril était un fabricant de pipes de Saint-Omer, France, en opération de 1845 à 1886. Collection archéologique de la Commission des champs de bataille nationaux.
Régis Canuel
2007
385, Grande Allée Est
Deux sculptures murales ornent les cheminées extérieures de l’hôtel Manoir de la Tour. Elles évoquent les tours Martello construites entre 1808 et 1812, dont l’une se trouve tout près, dans le parc des Champs-de-Bataille.
Fabien Pagé
1997
Cours du Général-De Montcalm
Le général Charles de Gaulle, président de la République française de 1959 à 1969, a contribué au resserrement des liens entre la France et le Québec. Ce monument commémore le voyage que l’éminent homme d’État a effectué au Québec en 1967, au cours duquel il a prononcé sa célèbre tirade : « Vive le Québec libre! »
Anna Hyatt Huntington
1938
Jardin Jeanne-d’Arc
Cette statue équestre a été offerte par l’artiste, d’origine new-yorkaise, en hommage aux soldats morts lors des batailles des plaines d’Abraham et de Sainte-Foy en 1759 et 1760. Jeanne d’Arc, revêtue d’une armure, visière relevée, brandit son sabre en signe de ralliement des troupes.
Ian Stohl
2008
Avenue George-VI
Frederick G. Todd est considéré comme le premier architecte paysagiste au Canada. Il conçoit en 1909 le plan d’aménagement des plaines d’Abraham, futur parc des Champs-de-Bataille, dont les travaux vont s’échelonner sur 50 ans.
Photo : © Archives Commission des champs de bataille nationaux
Plaque commémorative
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