Les premiers magasins à rayon de Québec
Un journaliste écrivait en 1900 qu’une ville doit avoir des grands magasins pour être moderne. À Québec, J.-B. Laliberté inaugure ce type de commerce dans un prestigieux édifice en 1884. D’autres suivront rue Saint-Joseph et feront fureur. Dans ces magasins, les clients circulent librement, découvrent une grande variété de marchandises et font de bonnes affaires. Signe des temps, ils fermeront tous à partir des années 1970 ou devront se recycler.
Consommer mieux, consommer plus
Le concept du grand magasin naît à Paris et se développe aux États-Unis. Son objectif est de mettre le public en contact avec les produits manufacturés de plus en plus nombreux pour l’inciter à consommer. Les clients y découvrent une myriade de produits et se laissent tenter bien davantage que dans les magasins traditionnels, où les commis vendeurs avaient seuls accès aux marchandises. Dans un grand magasin, les prix affichés et fixes sont plus bas, car le profit est lié au volume des ventes. Le client doit cependant payer comptant.
L’engouement pour les grands magasins tient donc au plaisir de magasiner, qui est alors une nouveauté. Ces commerces misent aussi sur le prestige. Ils logent dans des bâtiments faits de matériaux nobles et offrent un service de grande classe, grâce à un personnel nombreux qui renseigne et conseille les clients. Ils proposent aussi des services nouveaux comme la livraison à domicile, la commande postale et le restaurant intégré.
Un emplacement propice
Pendant près d’un siècle, les quatre grands magasins phares de la rue Saint-Joseph : Laliberté, Paquet, le Syndicat et Pollack, qui sont tous voisins, se font concurrence. Pour maintenir les standards élevés qui assurent leur succès, ils devront intégrer à tour de rôle plusieurs innovations comme l’éclairage électrique, les ascenseurs, la climatisation, l’usage accru des vitrines, l’accès aux automobiles et la multiplication des produits offerts aux clients.
La rue Saint-Joseph permet cette évolution car le tissu urbain y est alors moins dense que dans les anciennes rues commerciales de la ville. Il est plus facile pour un marchand d’y prendre de l’expansion, d’abord en largeur dans la rue Saint-Joseph, puis en profondeur jusqu’au boulevard Charest actuel, construit au début des années 1930 pour favoriser la circulation automobile.
L’exemple du magasin Paquet
En 1890, le nouveau grand magasin de la compagnie Paquet compte six étages, une hauteur impressionnante à l’époque pour un édifice de ce gabarit. On peut acheter sur place ou par catalogue des vêtements, tissus, chapeaux, gants, articles de fourrure, chaussures, meubles, matelas, ustensiles de cuisine, jouets, tapis, valises, argenterie, parfums et livres.
Le magasin est divisé en départements dirigés par des gérants qui sont responsables des ventes et de la sélection des produits offerts dans leur rayon. Paquet met aussi à la disposition de ses clients des régions un garage et une écurie pour remiser leurs voitures à cheval pendant qu’ils magasinent.
La fin d’une époque
Ces prestigieux grands magasins attirent les clients de la ville et des régions de l’Est du Québec pendant plusieurs décennies. Ils sont les rois incontestés du commerce de détail à Québec.
Mais le développement du réseau routier et la généralisation de l’automobile vont mettre un terme à cette hégémonie. Les banlieues se peuplent à partir des années 1960 et les centres commerciaux facilement accessibles en automobiles attirent une clientèle toujours plus nombreuse. Sans compter que le quartier Saint-Roch perd un grand nombre de résidents.
Ces changements provoquent la fermeture des grands magasins de la rue Saint-Joseph dans les années 1970-1980. Sauf J.-B. Laliberté, qui recyclera une partie de son bâtiment et recentrera ses activités sur son créneau d’origine : la fourrure.
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Seul survivant de l'époque des grands magasins de la rue Saint-Joseph, J.-B.-Laliberté occupe toujours une place importante dans la vie commerciale de Saint-Roch. Il fait la fierté de la famille Morisset qui perpétue la tradition.
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