Signature Saint-Roch
Dans les dernières décennies du 19e siècle, après des incendies dévastateurs, la densification du faubourg Saint-Roch entraîne une transformation graduelle de son paysage résidentiel. Les maisonnettes en bois font place à des maisons en rangée, puis à des habitations à logements multiples. Ces constructions en brique dominent aujourd’hui. En observant leurs façades généralement sobres, on y remarque une grande variété d’éléments ornementaux.
La brique, un bon compromis
Aux lendemains des terribles incendies de 1845 et 1866, deux nouveaux types de maisons sont érigés dans le faubourg Saint-Roch. Les habitants les plus pauvres n’ont d’autre choix que de reconstruire en bois, à l’identique. Mais les propriétaires un peu plus à l’aise optent pour un matériau durable et ininflammable : la brique. Ce matériau offre un compromis intéressant entre le bois et la pierre, beaucoup plus dispendieuse.
Ces résidences en brique d’un ou deux étages sont souvent contiguës à leurs voisines. En l’absence de ruelle, une porte cochère commune permet d’accéder aux écuries et aux dépendances situées à l’arrière. Ces maisons aux façades plutôt étroites sont d’abord couvertes d’un toit à pignon, qui sera graduellement remplacé par des toitures en mansarde qui procurent plus d’espace habitable dans les combles. Les résidences des 735 et 741, rue De La Salle illustrent bien ce type de maison.
Une maison, plusieurs familles
À la fin du 19e siècle, la population de Saint-Roch est toujours en croissance et les lots vacants sont de plus en plus rares. Un nouveau type d’habitation fait alors son apparition : l’immeuble à logements multiples. Importé des États-Unis, ce modèle d’habitation en hauteur permet de rentabiliser le lot en superposant les logements. La plupart de ces immeubles s’élèvent sur trois étages et peuvent donc abriter trois familles, qui disposent toutes d’une porte d’accès qui leur est propre, donnant sur la façade.
Construites sur des lots moins profonds que les modèles américains dont elles sont issues, ces habitations sont érigées en bordure immédiate de la rue. Elles ne comportent donc ni galerie, ni escalier en façade. Elles empruntent certaines caractéristiques aux maisons en rangée du quartier, comme le revêtement de brique, le toit mansardé et la contiguïté. Au tournant du 20e siècle, les entrepreneurs adoptent peu à peu les toits plats, plus faciles et moins chers à construire.
Une ornementation distinctive
Les immeubles à logements multiples construits entre 1870 et 1945 dominent le quartier Saint-Roch. Leurs façades sobres sont agrémentées d’ornements variés qui donnent à chacun une certaine personnalité. Les portes et les fenêtres sont souvent encadrées de parements de pierres, de briques ou de bois plus ou moins élaborés. Les larges fenêtres en saillie, appelées baies à encorbellement, sont assez fréquentes. Elles indiquaient autrefois l’étage occupé par le propriétaire. Plus simples que les mansardes, les toits plats présentent aussi un éventail d’ornements sculptés au niveau des corniches. Sur la rue de la Reine, les maisons des 650, 644, 645, 633, 614, 610, 594 et 592 donnent un bon aperçu de ces variations.
Les revêtements de brique servent aussi d’élément distinctif. En l’absence de tradition dans l’utilisation de ce matériau, les entrepreneurs québécois se sont livrés à diverses expériences, tant dans le choix du type de brique que dans son assemblage. Les briques utilisées dans le quartier, longtemps de fabrication artisanale, se distinguent par leurs formats et leurs couleurs variés.