L’âge d’or du quartier
Le paysage architectural du quartier Saint-Roch évoque ses racines ouvrières. Toutefois, çà et là, quelques maisons se distinguent par leur taille et leurs caractéristiques luxueuses. Leur maçonnerie de pierre ou leur chic revêtement de brique, leurs tourelles et leurs ornements sculptés témoignent de la présence d’une communauté de notables soucieux de marquer leur statut social de manière évidente. Elles reflètent l’âge d’or du quartier.
Les notables du faubourg
Malgré la prédominance des classes ouvrières dans le faubourg Saint-Roch, dès la fin du 18e siècle et tout au long du siècle suivant, des membres de la bourgeoisie originaires du quartier choisissent d’y rester. Certains appartiennent aux professions libérales : avocats, notaires ou médecins. D’autres ont fait fortune dans le commerce, la manufacture ou l’industrie.
La noblesse de la pierre
Les bourgeois qui demeurent dans Saint-Roch se font construire des résidences qui témoignent de leur statut social. Ces maisons bourgeoises se distinguent nettement des maisonnettes en bois des ouvriers et, plus tard, des habitations courantes en brique, par leurs dimensions et leurs matériaux. Jusqu’au milieu du 19e siècle, elles sont érigées en pierre, un matériau coûteux qui nécessite l’embauche d’ouvriers spécialisés, tels les tailleurs de pierre et les maçons, qui commandent un salaire plus élevé que le simple artisan.
Ces maisons en pierre suivent un modèle répandu dans l’architecture résidentielle au 18e siècle. Elles sont coiffées d’un toit à deux versants en tôle et s’élèvent sur un ou deux étages. Elles sont aussi flanquées de murs coupe-feu qui les protègent contre les incendies, en accord avec la règlementation municipale. Les murs de pierre sont laissés nus, ou recouverts d’un crépi qui sert d’isolant.
Des résidences dernier cri
Dans les dernières décennies du 19e siècle, la brique s’impose comme matériau de prédilection dans l’architecture résidentielle du quartier Saint-Roch. Les maisons bourgeoises ne font pas exception. Afin de marquer leur appartenance à une classe aisée, les notables font appel à des architectes réputés qui dessinent pour eux d’élégantes demeures. Suivant les dernières modes architecturales, elles sont agrémentées d’ornements recherchés qui les distinguent des maisons voisines. Ainsi, en 1885, le confiseur William Davis commande à Joseph-Ferdinand Peachy les plans de sa résidence qui sera érigée au coin des rues du Parvis et du Roi. L’architecte s’inspire du style château et dote la maison d’une distinctive tourelle en saillie.
Quelques mètres plus loin, au 330, rue du Parvis, l’ancienne résidence du maire de Québec Joseph-Oscar Auger attire le regard par sa toiture à pignons aigus, typique du style victorien. Son architecte, Eugène-Michel Talbot, a eu recours au même style pour les plans de la somptueuse résidence du marchand de chaussures Octave Feuiltault, sise au 533-535, rue De La Salle.
À partir des années 1930, cependant, les bourgeois quittent peu à peu Saint-Roch pour s’établir dans les « beaux quartiers » de la haute-ville. Leurs résidences seront souvent divisées en appartements ou en chambres à louer. Mais récemment, certaines ont retrouvé leur lustre passé.