Passer au contenu principal

Accueil / Citoyens / Patrimoine / Découvrir les quartiers de Québec / Sillery / Points d'intérêt / Boisé Tequenonday

Sillery

Boisé Tequenonday

Boisé Tequenonday

Les secrets d'un boisé

Le boisé de Tequenonday rappelle le type de forêt qui recouvrait le promontoire il y a 200 ans. Parmi une vingtaine d’espèces d’arbres, on y découvre entre autres une pinède blanche remarquable. Elle compte plusieurs spécimens centenaires de ce bois d’œuvre recherché par les barons du bois et miraculeusement préservé de la coupe. Mais l’exceptionnel se trouve ailleurs, car ce boisé cache aussi une occupation humaine millénaire.

Les chasseurs laurentiens

Des fouilles archéologiques réalisées au début des années 2000 ont révélé que des nomades fréquentaient ce boisé il y a environ 5 000 ans. Les milliers d’artefacts mis au jour nous permettent de retracer le mode vie de ces Autochtones de l’Archaïque laurentien, dits les Laurentiens.

Ce sont des chasseurs de chevreuils, d’orignaux, de caribous, d’ours, de castors et d’oiseaux migrateurs. Ils récoltent aussi l’eau d’érable, les petits fruits sauvages et tous les végétaux utiles. Leurs armes et outils sont faits de pierre taillée ou polie, parfois d’os. On a retrouvé des pointes de flèches, des couteaux, des polissoirs et des grattoirs. Ces derniers servent à travailler les peaux pour en faire des vêtements et des chaussures. L’été, plusieurs groupes autochtones se rencontrent en bordure du fleuve, comme ici, pour pêcher, faire du commerce et conclure des alliances. L’hiver, en plus petits groupes, ils repartent vers leurs territoires de chasse, à l’intérieur des terres. Des vestiges découverts dans d’autres sites archéologiques indiquent que les Laurentiens enterrent leurs morts avec des ornements, l’indice probable d’une croyance en la vie après la mort.

En pays de Kanata

Le sol du boisé a également révélé que d’autres groupes de nomades y ont campé, il y a environ 2 000 ans. Des tessons de poterie attestent aussi d’une présence iroquoienne autour des années 1500 de notre ère. Dans ce cas, il s’agit possiblement des habitants de Stadaconé, un village de plusieurs centaines de personnes situé vraisemblablement dans l’actuel quartier Saint-Sauveur, près du lieu où l’explorateur français Jacques Cartier a hiverné en 1535-1536.

À l’époque de Cartier, Stadaconé domine le territoire qui s’étendrait aujourd’hui de l’île aux Coudres jusqu’à Portneuf. Dans cette province appelée Kanata (Canada), Cartier écrit qu’il y a six autres bourgades iroquoiennes, ou campements, sur la rive nord du fleuve, dont Tequenonday « sus une montaigne ». En 2006, on baptisera le boisé de ce nom pour rappeler l’importante présence autochtone sur le site.

Les Stadaconéens

Comme les autres Iroquoiens du Saint-Laurent, les Stadaconéens cultivent la courge, les haricots, le tournesol et le maïs, base de l’alimentation. Mais ils dépendent aussi beaucoup de la chasse et des ressources aquatiques. D’après Cartier, ils « font grande pêche de tous bons poissons selon les saisons ». L’été, presque tout le village se déplace vers Gaspé pour pêcher le maquereau et chasser le phoque. L’automne, les Stadaconéens traquent l’anguille dans les anses. Boucanée, elle constitue une bonne réserve de nourriture pour l’hiver.

En 1608, lorsque Samuel de Champlain fonde Québec, des Autochtones campent et pêchent en bordure du fleuve. Mais ce sont des nomades de langue algonquienne, les Iroquoiens ont déserté le secteur. Diverses théories ont été avancées au sujet de la dispersion ou de la disparition du peuple du maïs : un refroidissement du climat, des épidémies, des guerres autochtones ou une migration dans le secteur de l’actuelle baie Georgienne, en Ontario. La Nation Huronne-Wendate, originaire de cette région, affirme en effet descendre des Iroquoiens du Saint-Laurent, et donc des Stadaconéens. Des artefacts découverts en Ontario, ainsi que leur tradition orale, étayent cette thèse, présentée en 2018 dans l’exposition Ahchiouta'a raconte les Hurons-Wendat du Saint-Laurent, à la maison des Jésuites-de-Sillery.

Les secrets du boisé

À l’aube du troisième millénaire, la Commission de la capitale nationale du Québec acquiert le boisé pour l’intégrer à la promenade Samuel-De Champlain. Les sentiers naturels balisés permettent de sillonner cette forêt urbaine rare, où des panneaux d’interprétation lèvent le voile sur les richesses arboricoles et les milliers d’années d’occupation humaine.