Un lieu de mémoire en communion avec la nature
Le cimetière Mount Hermon est l’un des fleurons de la région de Québec. Ses allées sinueuses bordées d’arbres remarquables ont été tracées sur un terrain en pente qui offre d’exceptionnelles percées visuelles sur le Saint-Laurent. Dans ce paysage pittoresque, les monuments funéraires sculptés dans la pierre se fondent dans la nature, tout en rappelant la mémoire de ceux qui y reposent en paix.
L’union des forces
Dans les années 1840, le cimetière St. Matthew de la rue Saint-Jean manque d’espace. La communauté protestante de Québec se met donc en quête d’un nouveau lieu d’inhumation, mais dans la banlieue. Pour des raisons d’hygiène, les autorités municipales interdisent désormais la présence de cimetières au cœur de la ville.
Dans leur recherche, les protestants de Québec s’allient à une association anglicane ayant les mêmes objectifs. La perle rare se trouve en bordure de l’actuelle côte de Sillery. Il s’agit de la propriété du juge Edward Bowen, qu’ils achètent 9 000 $ en juin 1848. Incorporé l’année suivante, le nouveau cimetière prend le nom de Mount Hermon pour rappeler un haut lieu des débuts du christianisme. Il est ouvert aux anglicans et à toutes les confessions protestantes.
Un cimetière rural
La propriété du juge Bowen est un terrain pentu de 26 acres recouvert d’une forêt dense de chênes et de pins. Pour faire place aux lots funéraires, on éclaircit la forêt, puis on sème de la pelouse; on aménage des sentiers et on plante des fleurs et des arbustes. L’objectif est de marier les qualités naturelles du site, à l’horticulture et à la commémoration.
L’aménagement des lieux est confié à un expert en la matière, l’ingénieur américain David Bates Douglass, qui s’inspire du Rural Cemetary Movement. Suivant ce courant, alors en vogue aux États-Unis, tout doit prêter au recueillement, à la méditation et à la rêverie. À Mount Hermon, Douglass conçoit donc « The Tour », une série de sentiers tortueux qui offrent des paysages fragmentés et d’impressionnantes perspectives sur le Saint-Laurent. Dans ce décor pittoresque, les sépultures se fondent dans l’abondante végétation.
Le royaume des Treggett
L’architecte Edward Staveley dessine en 1848 les plans du pavillon d’entrée, un cottage néogothique qui s’intègre parfaitement au charme bucolique du cimetière. Avec le temps, on remplacera le revêtement extérieur de bois par de la brique et une aile s’ajoutera au bâtiment qui loge le surintendant des lieux.
Dans l’enceinte clôturée du cimetière, on construit aussi un charnier, des remises et deux serres. Ces dernières, aujourd’hui disparues, permettent de cultiver sur place les plantes et les fleurs qui embellissent les lieux. William Treggett, surintendant du cimetière à compter de 1865, est particulièrement doué dans ce domaine. Horticulteur talentueux, il transforme Mount Hermon en un magnifique jardin.
Le surintendant s’occupe aussi du bon déroulement des inhumations, de la disposition des lots, de l’entretien général et, avec le temps, du patrimoine funéraire. Des fonctions relevées haut la main par la famille Treggett, qui s’occupe du cimetière jusqu’en 2014.
Un lieu de mémoire
Les monuments funéraires de granit, de calcaire, de grès ou de marbre se distinguent par leur taille, les épitaphes parfois poétiques ou divers symboles, dont l’agneau et le putto (angelot), qui indiquent souvent la tombe d’un enfant. On retrouve aussi des obélisques, des croix celtes et des stèles ornées de végétaux.
Sous ces monuments dorment en paix des hommes et des femmes anonymes ou illustres. Ils ont été médecins renommés, constructeurs de navires, marchands de bois, architectes, hommes politiques, artistes ou écrivains. Dans ce cimetière devenu multiconfessionnel, on retrouve aussi des membres de toutes les communautés qui ont fait souche dans la région, Chinois, Grecs, Libanais, Allemands…
James MacPherson Le Moine, Catherine Rhodes, Percyval Tudor-Hart et John Guilmour y reposent. Comme des milliers d’autres personnes dont on peut découvrir les monuments funéraires, au gré des allées fleuries et des épitaphes.
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Vidéo
La famille Treggett a été en charge du cimetière Mount Hermon durant quatre générations. Brian, dernier surintendant issu de cette lignée, raconte sa vie au service de ce magnifique lieu paisible.
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