Sur les traces du passé
La côte à Gignac est un véritable microcosme de l’histoire de Sillery. Son tracé irrégulier nous vient de l’époque de la Nouvelle-France. Elle garde de la grande épopée du bois la plus ancienne villa du quartier et un hameau de maisons ouvrières. La côte est également bordée d’un ensemble résidentiel modèle du milieu du 20e siècle : le Parc-Falaise.
Le sentier d’origine
En 1640, la côte n’existe pas, mais il y a de l’animation dans le secteur, propriété des Augustines de l’Hôtel-Dieu. Les religieuses viennent d’inaugurer le premier hôpital au nord du Mexique dans l’anse située au pied de la falaise. Près du grand bâtiment de pierre, des habitations à la française abritent des familles algonquines que les religieuses sont venues soigner et évangéliser.
Des attaques iroquoises obligent les Augustines à déménager à Québec. Les religieuses vendent leur propriété de Sillery à Anne Gasnier, veuve du seigneur de Monceaux. En 1656, cette terre de 336 arpents est érigée en fief et seigneurie. L’ancien hôpital, qui devient le manoir de Monceaux, apparaît sur un plan de 1685, de même qu’un sentier dans la falaise, à l’origine de la côte à Gignac.
À l’ère du bois
À la suite de la Conquête britannique, l’arrière-fief de Monceaux passe à plusieurs propriétaires, dont l’Écossais Murdoch Stuart. En 1796, celui-ci découpe un domaine à l’est de la côte pour sa fille Angelica, qui épousera John MacNider, un riche marchand d’origine écossaise. Vers 1812, MacNider fait construire une solide maison de pierres dans le domaine baptisé Kilmarnock, en l’honneur de sa ville natale. Cette maison est aujourd’hui la plus ancienne villa de Sillery, située au 1479A, rue Negabamat.
À l’ouest de la côte, Bridget Murphy et Martin Nolan héritent d’une ferme familiale dans les années 1830. Ils y aménagent Edge Hill Place, une grande maison accessible par la côte Graddon, aujourd’hui nommée la côte à Gignac. Au milieu du 19e siècle, les Nolan lotissent la partie sud-est de leur propriété, où trois rues sont tracées pour loger les travailleurs des anses. En 1879, une vingtaine de familles habitent les petites maisons de bois de Nolansville, qui seront agrandies, rénovées ou remplacées au fil du temps. Certaines conservent toutefois leur aspect d’origine, dont le 1745, côte à Gignac, avec sa toiture à deux versants percée de lucarnes.
Un quartier de rêve
Au moment où Sillery s’urbanise, l’homme d’affaires Eugène Chalifour amorce en 1948 l’ensemble résidentiel de Parc-Falaise. Ce projet d’avant-garde est aménagé sur l’ancienne terre des Nolan, où subsiste une demeure associée à cette famille, au 2543, avenue De Monceaux.
L’apport des urbanistes Édouard Fiset et Jacques Gréber transforme Parc-Falaise en une cité-jardin composée de terrains de jeux, d’allées piétonnières et de parcs. On y trouve aussi le premier centre commercial de la région (Place de la Falaise) et un centre des loisirs, aujourd’hui converti en logements (1597 et 1601, côte à Gignac).
Plusieurs architectes travaillent aux 180 habitations de Parc-Falaise, dont Pauline Roy-Rouillard, la première femme architecte du Québec. Ils conçoivent des maisons à un étage, des bungalows et, par souci de mixité sociale, des immeubles à appartements. L’harmonie visuelle des lieux est assurée par une servitude d’aspect, qui impose notamment un recouvrement de stuc blanc et une toiture à deux versants de couleur verdâtre.
L’urbanisation se poursuit
Les abords de la côte à Gignac connaissent une nouvelle phase de développement en 1977, lorsque le domaine Kilmarnock est morcelé. Dix-sept maisons unifamiliales sont alors construites autour de l’ancienne villa désormais enclavée. Plus récemment, des habitations sont apparues en face de Nolansville. Car le développement de la côte, plusieurs fois centenaire, se poursuit…
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