Un témoin de l’activité de Michel Hamel
La côte Ross fut tracée au milieu du 19e siècle pour donner accès aux berges du Saint-Laurent. Elle témoigne de l’activité d’un homme entreprenant et visiblement doué, Michel Hamel, tour à tour agriculteur, aubergiste, propriétaire foncier, mesureur de bois, exploitant d’une carrière de pierre et juge de paix! C’est aussi dans cette côte que fut développé Hamelville, un hameau ouvrier aujourd’hui disparu.
Cultiver la terre
Michel Hamel hérite de la terre familiale en 1830. Rattachée au fief de Monceaux, elle comprend une grande maison de bois, qui sert aussi d’auberge. Hamel possède des granges, des étables et toutes sortes d’animaux et « bestiaux ». Les affaires semblent fructueuses, car au début des années 1840, il achète Kilgraston, une seconde propriété située à l’est de la route de l’Église.
À cette époque, Hamel ne vit plus exclusivement du produit de ses terres, qu’il a d’ailleurs louées à des fermiers. Près de la maison familiale, il se réserve toutefois une section pour cultiver les pommes de terre et pour entretenir un potager et un verger. Ce dernier laissera son nom à l’avenue du Verger.
Profiter du commerce du bois
Le gentleman-farmer devient mesureur de bois dans les anses de Sillery, un travail qui consiste à départager les billes par essences, à les mesurer et à noter les dimensions dans un registre. Le métier est bien payé, car pour l’exercer, il faut savoir lire et écrire.
Vers 1846, Hamel ouvre une côte sur sa terre de Kilgraston. Elle relie le chemin de Cap-Rouge (Saint-Louis) à l’anse Bridgewater où œuvrent les marchands Charles Henry Ross et John Sharples. Le chantier compte une scierie, des maisons ouvrières et la résidence de Ross, qui laissera son nom à la côte, d’abord appelée Hamel ou Bridgewater.
Exploiter la pierre
Michel Hamel a-t-il ouvert la côte pour faciliter l’exploitation de la pierre? Depuis 1846, il puise dans la falaise de Kilgraston le fameux grès de Sillery, prisé des ingénieurs militaires britanniques. Ils utiliseront cette pierre résistante dans la finition de la citadelle de Québec. À Sillery, elle servira à construire des villas et les églises de Saint-Michel et St. Michael.
L’hiver, on achemine les blocs de grès jusqu’aux chantiers de Sillery en traîneaux. La côte Hamel se révèle alors fort utile. L’été, la pierre est transportée jusqu’à Québec par bateau à fond plat, puis elle est hissée sur le plateau grâce à un plan incliné.
Loger les ouvriers
Hamel entend rentabiliser sa côte en y logeant les ouvriers des chantiers. En 1848, il fait lotir le secteur par l’arpenteur Légaré. Mais Hamelville aura toutefois moins de succès que Bergerville et Nolansville, deux autres hameaux ouvriers développés à la même époque.
En 1879, Hamelville compte trois petites rues pavées d’un mélange de schiste et de grès et cinq ou six maisons. Aujourd’hui, il ne subsiste du hameau que des vestiges archéologiques découverts en 2003 : fragments de vêtements, de lampes à huile et de pipes d’argile.
Profiter de la villégiature
Michel Hamel se départit de Kilgraston au milieu du 19e siècle, mais il conserve la terre familiale, où il déclare avoir deux maisons, des vaches, des veaux et des chevaux. Dès 1855, il occupe par ailleurs les fonctions de juge de paix et de conseiller municipal.
Sillery est alors un site de choix pour la villégiature, un mouvement issu de l’influence britannique et de l’engouement pour la nature. Hamel décide d’en tirer profit en faisant construire en 1856 et 1857 un cottage de style Regency destiné à la location, aujourd’hui la maison Hamel-Bruneau, située au 2608, chemin Saint-Louis.
Hamel se départit peu après de la partie nord de sa ferme, incluant le pittoresque cottage. Mais il conserve la maison familiale, au sud du chemin de Cap-Rouge, où il termine ses jours. En 1978, la maison Hamel-Bruneau est classée monument historique par le gouvernement du Québec et transformée plus tard en centre de diffusion culturelle. Elle demeure un témoin privilégié de la villégiature à Sillery et, comme la côte Ross, de l’activité d’un véritable self-made-man pionnier du quartier, Michel Hamel.
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