Un petit coin d’Angleterre
L’église St. Michael semble tout droit sortie de la campagne anglaise. Avec ses contreforts et ses étroites fenêtres en ogive, elle évoque aussi le Moyen-Âge. Indissociable du cimetière-jardin Mount Hermon, situé au sud du chemin Saint-Louis, le petit temple de pierre grise est un bâtiment patrimonial d’exception. D’autant plus qu’il rappelle la présence d’une influente communauté anglicane aux premières heures de Sillery.
Le choix d’un terrain
Plusieurs Anglais de confession anglicane s’établissent à Sillery au début du 19e siècle. Ce sont des barons du bois et des notables, mais aussi leurs domestiques et des employés des anses. Ils auraient accès à une chapelle anglicane dès 1837, sans doute un aménagement de fortune, ouvert durant les mois de navigation.
L’idée d’un lieu de culte permanent se dessine au tournant des années 1850. La communauté anglicane envisage alors de l’établir dans une section du cimetière Mount Hermon. Un projet écarté pour ne pas nuire au caractère multiconfessionnel du lieu d’inhumation. Le temple sera plutôt construit en face du cimetière, sur un terrain offert par Maria Orkney Morrin.
La construction
Les plans de l’église sont réalisés par l’architecte Frank Wills. Cet Anglais d’origine représente la Ecclesiological Society, un mouvement de renouveau liturgique qui prône le retour à une architecture gothique. En s’inspirant des églises rurales anglaises, Wills conçoit donc un bâtiment néogothique caractérisé notamment par ses ouvertures en ogive et ses contreforts. À l’intérieur du temple, la charpente apparente en bois sombre se rattache aussi à ce style.
L’église est construite en grès de Sillery par des artisans locaux, dont le maître menuisier Louis Amiot et les maîtres maçons Joseph et Louis Larose. Jonathan Munn supervise les travaux, qui se déroulent du 5 mai au 24 décembre 1854. L’office de Noël est célébré par l’évêque anglican de Québec, George Jehoshaphat Mountain. L’église prend officiellement le nom de St. Michael, comme le fera la paroisse, fondée en 1859.
L’élite anglicane
L’influent George Mountain joue probablement un rôle dans l’aboutissement du projet. Ce résident de Sillery a fondé en 1844 une société ayant notamment pour but la construction d’églises nouvelles au moyen d’un système de contributions volontaires. On peut supposer que l’évêque Mountain, qui destine la charge pastorale de St. Michael à son fils Armine Wale, ait sollicité l’élite anglicane locale pour financer la nouvelle église.
La communauté anglicane est petite, mais puissante. Elle compte notamment les gouverneurs généraux du Canada, logés à Spencer Wood (Bois-de-Coulonge) depuis 1850. Cette élite contribue financièrement à la mise en place du noyau anglican et à l’embellissement de l’église, notamment à l’installation de vitraux.
Le noyau paroissial
Le presbytère, où logera Armine Wale Mountain, est construit en 1860, à l’initiative de George Mountain. Signe de l’importance sociale de l’occupant, le bâtiment de deux étages est entièrement construit en pierre de taille de grès. Le site choisi est quelque peu éloigné du lieu de culte, en retrait du chemin Saint-Louis, correspondant aujourd’hui au 2058.
Tout près, le curé de St. Michael fait construire en 1864 une école de pierre qui affiche sa parenté architecturale avec le mouvement ecclésiastique. Elle prend le nom de Bishop Mountain, en l’honneur de George Mountain, fervent promoteur de l’éducation. L’école anglo-protestante est utilisée jusqu’aux années 1960 avant d’être convertie en bureaux.
L’essor
Dans les premières décennies du 20e siècle, la paroisse St. Michael prospère et soutient de nombreuses associations de bienfaisance. En 1928, on construit une nouvelle sacristie au nord-ouest de l’église. Puis on érige en 1939 un nouveau presbytère de style Arts and Crafts derrière l’église, le « New Rectory ». Le « Old Rectory » est alors vendu.
Dans l’après-guerre, près de 1600 personnes fréquentent l’église St. Michael. La paroisse en plein essor fait construire une salle communautaire en 1946. Le Church Hall, qui sert également de mémorial aux paroissiens tués pendant la Seconde Guerre mondiale, est relié à l’église par un corridor. Conçu par l’architecte Edward B. Staveley, il s’intègre bien à l’environnement grâce à son style néo-Tudor qui emprunte à la tradition médiévale.
La dure réalité
Comme chez les catholiques, la ferveur religieuse s’atténue et le nombre de pratiquants diminue. Au début des années 1970, les églises St. Michael et St. Matthew (rue Saint-Jean) partagent le même curé, avant la fermeture de cette dernière. La population anglophone déclinant, les services religieux de St. Michael deviennent bilingues.
Aussi réduite soit-elle, la communauté anglicane poursuit l’entretien de l’église et restaure notamment tous les vitraux dans les années 2000. Aujourd’hui, environ 25 personnes assistent régulièrement aux activités de la paroisse. Pour renflouer les coffres, le diocèse projette la construction d’habitations sur le site du presbytère abandonné et la conversion du Church Hall en copropriétés.
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Visite virtuelle
Église Saint Michael
L’église Saint Michael est le cœur de la communauté anglicane de Sillery. Construite en 1854, sa structure en forme de coque de bateau rappelle l’influence des constructeurs de navires dans le développement de Sillery.
Vidéo
Cette communauté anglicane est bien implantée à Sillery depuis le 19e siècle. Elle est aujourd’hui ouverte à l’ensemble des résidents du quartier, peu importe leur langue ou leur confession, et offrent des cultes bilingues. James Lambert y est très attaché depuis plus de 40 ans.
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