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Sillery

Paysages

Paysages

Des contours changeants

Le paysage de Sillery est reconnaissable entre mille. Le promontoire dominé par l’église, véritable figure de proue du quartier, en est certainement la vedette. Mais il y a aussi les berges revitalisées du Saint-Laurent, les boisés, les cimetières-jardins, les noyaux ouvriers anciens, les grands domaines, la forte présence institutionnelle et les quartiers résidentiels du plateau. Ils dessinent tous les contours changeants du Sillery d’aujourd’hui.

Le paysage naturel

Avant que l’homme n’y imprime sa marque, la côte est formée d’une succession d’anses profondes et bien découpées, où le Saint-Laurent vient battre la grève au gré des marées. La falaise boisée est tout aussi animée avec ses avancées rocheuses prononcées et ses cours d’eau qui dévalent la pente en cascades. Le plateau est recouvert d’une forêt dense où domine probablement l’érable à sucre parmi des ormes, des hêtres et des conifères.

Aux premières heures de l’histoire de Sillery, quelques bâtiments de pierre sont construits en bordure de l’eau, dans les anses Saint-Joseph (de Sillery) et du Couvent (Union), où les Jésuites ont érigé un ensemble fortifié et les Augustines, un hôpital. Sur le plateau, un moulin et une tour s’élèvent au milieu de champs cultivés et de forêts.

À l’ère du bois

Tout le front fluvial se couvre au 19e siècle de chantiers de forme rectangulaire. Ils sont délimités entre propriétaires par des quais très longs qui s’avancent jusqu’à la ligne de haute marée. À l’intérieur de ces enclos, des milliers de billes de bois destinées à la Grande-Bretagne attendent d’être chargées dans de grands voiliers amarrés au large à des quais flottants.

En bordure du chemin du Foulon, derrière des clôtures blanches, les marchands de bois construisent des bâtiments pour l’administration, l’entreposage ou la construction navale. De l’autre côté du chemin qui longe les chantiers, les habitations ouvrières sont adossées à la falaise. Elles forment un village linéaire presque ininterrompu de maisonnettes de bois. Des agglomérations ouvrières se développent aussi sur les côtes qui mènent au plateau, où les grands marchands aménagent par ailleurs de vastes domaines paysagers et agricoles. Au milieu du 19e siècle, les catholiques se font construire une église sur l’avancée rocheuse de la pointe à Puiseaux. Elle devient un incontournable du paysage sillerois.

Le fleuve retrouvé

Les derniers chantiers de bois ferment au début du 20e siècle, au moment où le pont de Québec est construit. Ce dernier est relié aux activités portuaires de la capitale par un chemin de fer qui entraîne le remblaiement des berges et la construction de viaducs. Il faut aussi couper la pointe Saint-Joseph et la pointe à Puiseaux pour laisser passer la voie ferrée.

Le fleuve libéré des chantiers redevient accessible pour la pêche, depuis les quais qui subsistent. Des fascines sont directement installées sur la grève pour attraper l’anguille. Les baigneurs se font nombreux dans l’anse Saint-Michel et surtout dans l’anse au Foulon, avec sa plage de sable fin.

Des nuisances de taille

La plupart des grands quais sont transformés en bois de chauffage pendant la Grande Dépression. Dans l’espoir de fournir du travail aux chômeurs, la Municipalité de Sillery autorise la construction de réservoirs d’hydrocarbures en bordure du fleuve. Ces énormes cylindres blancs se multiplient dans les anses, dès 1931.

La plage du Foulon est au zénith de sa popularité dans les années 1950. Mais la qualité de l’eau et d’importants travaux d’infrastructures entraînent bientôt sa fermeture. Car à compter des années 1960, on construit le boulevard Champlain en bordure du fleuve. Des travaux qui entraînent la destruction de presque tout le chemin du Foulon. Le littoral déserté devient inhospitalier.

Un retour aux sources

À la veille du 400e anniversaire de Québec, les autorités gouvernementales s’entendent pour redonner aux Québécois l’accès au Saint-Laurent. On conçoit alors la promenade Samuel-De Champlain, inaugurée en 2008. Elle comprend le boisé de Tequenonday, des terrains de jeux et, en bordure de l’eau, un long parc linéaire agrémenté de quais-jardins. Ces derniers évoquent les humeurs du fleuve, la brume, les flots, le vent. Le Quai-des-Hommes rappelle pour sa part les chantiers maritimes disparus et l’époque où le littoral de Sillery offrait un tout autre paysage.

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