Symbole de prospérité du port
L’architecture opulente de l’édifice de la Douane incarne la période de grande prospérité que connaît le port de Québec au milieu du 19e siècle. Il est alors la plaque tournante d’un intense commerce d’import-export avec la Grande-Bretagne. Pendant quelques décennies, ce port sera le premier en importance au Canada. Mais les atouts qui lui auront permis d’atteindre l’apogée causeront aussi son déclin.
Un monument à la gloire du port
Ce nouvel édifice de la Douane a été construit sur pilotis vers 1860, car il était situé à deux pas du fleuve. Un escalier monumental menait alors directement des embarcations aux services douaniers.
Le style imposant de cet édifice n’a pas été choisi au hasard. Son portique monumental à colonnade et son large dôme contribuaient à l’impression de richesse et d’autorité qui s’imposait dans le plus important port au Canada. À cette époque, les droits de douane prélevés sur les marchandises qui entraient au pays représentaient d’ailleurs la première source de revenu du gouvernement. L’édifice de la Douane symbolisait donc fort bien la prospérité économique du pays et de la ville de Québec.
En croissance rapide
Entre 1800 et 1850, le port de Québec connaît une formidable croissance. Le nombre de navires y mouillant chaque année passe d’une centaine à plus de 1200 ! Ce développement est presque exclusivement relié à l’essor du principal secteur de l’économie de Québec : l’exportation du bois d’œuvre.
À partir de 1806, le port de Québec tire profit des ennuis qu’éprouve la Grande-Bretagne. L’empereur Napoléon mène alors une guerre à finir contre l’Angleterre et lui impose un blocus continental serré. La Grande-Bretagne ne peut plus acquérir en Europe le bois dont elle a besoin. Elle se tourne donc vers ses colonies d’Amérique où se trouvent de vastes forêts, et vers la ville de Québec qui possède tous les atouts pour développer un grand port d’exportation.
Numéro un au Canada
Le bois provient des régions du Saguenay, de la Mauricie et de l’Outaouais. Il est acheminé par flottage jusqu’à Québec où il est chargé sur des navires, puis expédié en Grande-Bretagne. Ce commerce florissant stimule d’autres industries liées au bois, en particulier la construction navale et, dans une moindre mesure, la production de potasse fabriquée à partir de la cendre de bois.
C’est ainsi que le port de Québec devient non seulement le premier au Canada, mais aussi le troisième en importance dans toute l’Amérique du Nord, après New York et La Nouvelle-Orléans, même si ses activités sont interrompues pendant l’hiver.
Des installations portuaires chaotiques
Cette forte croissance s’accompagne d’une multiplication des infrastructures portuaires. Les entrepreneurs se font construire des quais privés qui s’avancent en eaux profondes, perpendiculairement au rivage, pour charger et décharger les navires à marée basse. Ils bâtissent également de vastes entrepôts à même les quais, ou tout près du rivage, pour stocker la potasse, le blé, la farine et d’autres marchandises. Les anses des environs servent aussi à remiser le bois qui est souvent déposé à même le rivage.
Tout ce développement devient vite chaotique. Le long du rivage, à l’est et à l’ouest du centre-ville de Québec, un enchevêtrement de bâtiments de service, de hangars et de quais entrave la navigation. La Commission du Havre est finalement créée en 1858 pour gérer ces équipements de façon cohérente.
La fin d’une époque
Le nouvel édifice de la Douane est inauguré quelques années à peine avant que l’industrie du bois ne décline. Sa chute brutale aura un effet dévastateur sur l’économie de la ville de Québec. Concurrencé par Montréal, qui profite de l’amélioration des conditions de navigation et du développement fulgurant du réseau ferroviaire, le port de Québec devra se trouver une nouvelle vocation.
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