Uniques en Amérique du Nord
Les fortifications qui enserrent le Vieux-Québec s’étendent sur plus de quatre kilomètres. La section qui se trouve devant le parlement est en place depuis la fin du Régime français. La stratégie du général Montcalm, qui dirigeait les troupes françaises en 1759, les rendra inutiles et les Français subiront la défaite. Les Britanniques en feront meilleur usage par la suite. Néanmoins, c’est quasi par miracle qu’elles sont encore debout.
L'intervention d'un homme de conviction
À l’arrivée de lord Dufferin, le nouveau gouverneur général du Canada, en 1872, on a déjà commencé à démolir les fortifications. Le gouverneur les considère comme un joyau architectural de la ville et s’y oppose avec vigueur. Il fait venir un architecte irlandais spécialisé dans la reconstitution d’ouvrages militaires médiévaux afin d’élaborer un plan de sauvegarde et de mise en valeur, en étant conscient qu’il faut atténuer les désavantages dont se plaignent les Québécois.
La porte Saint-Louis, une démonstration éloquente
La porte Saint-Louis est le premier élément des fortifications qui a été démantelé. Trois autres des cinq portes étroites qui contrôlaient l’accès au centre-ville subissent le même sort. L’objectif est de faciliter la circulation.
En 1878, la construction d’une nouvelle porte Saint-Louis, au même endroit que l’ancienne, mais bien plus large et plus belle que l’originale – celle qu’on peut voir aujourd’hui – est la première réalisation déterminante du plan que proposent lord Dufferin et l’architecte William Lynn. On réutilise les mêmes pierres pour conserver le cachet ancien. On ajoute de jolies tourelles d’allure médiévale et une large arcade permet désormais une circulation fluide. On perce ensuite la muraille à la hauteur de la rue Dauphine pour y construire une porte qui n’a jamais existé – la porte Kent – semblable à la nouvelle porte Saint-Louis, toujours dans le but de favoriser la circulation. Une promenade est aussi aménagée sur les fortifications.
Ces améliorations plaisent aux Québécois.
Retour en arrière
La première enceinte fortifiée est érigée à Québec en 1690, du côté des plaines d’Abraham. En 1716, le nouvel ingénieur du roi, Gaspard Chaussegros de Léry, propose de remplacer la série de 11 redoutes en pierre reliées par une palissade en bois par une fortification continue en pierre. Les travaux débutent en 1720 mais ils sont suspendus à cause d’une crise économique en France.
Vingt-cinq ans plus tard, la ville-forteresse de Louisbourg, réputée imprenable, tombe aux mains des Britanniques. On craint que Québec ne soit la prochaine victime. Alors, les travaux de fortification reprennent. Même s’ils ne sont pas encore terminés en 1759, on estime aujourd’hui que le système de défense était suffisant pour résister aux attaques britanniques. Mais le général Montcalm a choisi de sortir affronter les Anglais en terrain ouvert et de se priver de son système de défense. Mal lui en prit.
Ne passe pas qui veut
Les vainqueurs britanniques complètent le travail amorcé par les Français entre 1786 et 1812. Ils ajoutent des fortifications sur la falaise qui surplombe le fleuve et, du côté des plaines, aménagent un glacis, c’est-à-dire un long terre-plein incliné se terminant par un fossé, au pied du mur fortifié.
La ville est jalousement gardée. Les militaires surveillent les cinq portes étroites qui contrôlent les allées et venues entre la ville et les faubourgs. La nuit, les portes sont fermées.
Les résidents se plaignent des impacts négatifs sur la vie quotidienne, le commerce et le développement de la ville. C’est pourquoi, dès le départ des troupes britanniques en 1871, ils se débarrassent des obstacles inutiles que sont à leurs yeux les fortifications.
Un visionnaire et ses sympathisants
Il est juste de qualifier lord Dufferin de visionnaire, car il a perçu avant tout le monde le potentiel patrimonial de l’enceinte qui entoure le Vieux-Québec, ce trait qui contribue à son charme unique. Il a surtout compris que cette architecture militaire devait être modifiée et embellie pour jouer un rôle positif et durable en temps de paix. Son combat a d’abord été difficile, certes, mais les Québécois lui ont rapidement emboîté le pas. La plus grande partie du projet de lord Dufferin a été réalisée après son départ du Canada.
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