Pour la démocratie
Dans cette maison s’est déroulé un évènement majeur de l’histoire politique du Canada. En 1834, son propriétaire, Elzéar Bédard, alors premier maire de Québec, participe ici avec Louis-Joseph Papineau à la rédaction des 92 Résolutions, un document-massue qui dénonce les failles de l’administration coloniale britannique du Bas-Canada. Ils siègent tous deux comme députés du Parti patriote à la Chambre d’assemblée. Ce document sera lourd de conséquences.
Vers un gouvernement responsable
Pierre-Stanislas Bédard est député à la Chambre d’assemblée du Bas-Canada lorsqu’il acquiert cette maison en 1800. Construite une vingtaine d’années plus tôt, elle ne comporte qu’un seul étage. Bédard en ajoute un second vers 1815.
Pierre-Stanislas Bédard est alors une figure de proue de la politique canadienne. Ce chef du Parti canadien, qui se veut le représentant de la majorité canadienne-française, fonde le journal Le Canadien pour y diffuser les idées du Parti. Bédard formulera dans ces pages la théorie de la responsabilité ministérielle, qui remet en question le pouvoir du gouverneur du Bas-Canada, nommé par Londres, de choisir des personnes non élues pour former son conseil exécutif. Bédard propose que le Conseil soit uniquement composé de députés élus, tenus de rendre compte de leurs actions devant la population. Bref, il veut développer la démocratie au Canada.
Pour la liberté de presse
Par ses prises de position, Bédard s’attire les foudres du gouverneur Craig, qui ordonne son arrestation et la fermeture de son journal en 1810. Incarcéré pour « pratiques traîtresses », il est libéré un an plus tard sans avoir subi de procès. En guise de dédommagement, on le nomme juge à Trois-Rivières en 1812. La direction du Parti canadien passe alors aux mains de Louis-Joseph Papineau.
Tel père, tel fils
En 1830, Pierre-Stanislas Bédard lègue cette maison à son fils Elzéar, qui fait aussitôt ajouter un troisième étage.
Le fils suit les traces de son père. À partir de 1832, Elzéar Bédard siège à la Chambre d’assemblée comme député du Parti patriote, successeur du Parti canadien, que dirige Papineau. Puis, après l’adoption de la première charte municipale de Québec, en 1833, il est aussi élu au conseil municipal et nommé maire de Québec par ses collègues.
Les 92 Résolutions
En février 1834, quatre députés du Parti patriote : Papineau, Morin, Bourdages et Bédard se réunissent ici pour rédiger une première version des 92 Résolutions. Ce document est un ensemble de mesures d’appui à la majorité canadienne-française, de griefs formulés contre l’administration britannique du Bas-Canada et de requêtes pour améliorer la démocratie. Il est adopté par la Chambre d’assemblée après un débat houleux, puis acheminé au Parlement britannique de Londres qui a toute autorité sur la colonie du Canada.
En 1837, le rejet catégorique de ces 92 Résolutions par le Parlement britannique provoque la colère des membres du Parti patriote et d’une partie de la population canadienne-française. Ce sera l’étincelle menant aux Rébellions qui déchireront le Bas-Canada en 1837 et 1838.
La responsabilité ministérielle sera finalement adoptée en 1848.
Maison classée
C’est principalement en vertu de l’importance politique de ses propriétaires que cette maison a été classée bien culturel par le gouvernement du Québec en 1965. L’élégance de son intérieur et son apparence extérieure de style néoclassique, typique du quartier, ajoutent à sa valeur patrimoniale.
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