Commerce et joie de vivre.
La rue Saint-Jean est l’une des plus anciennes artères commerciales de Québec. Les marchands s’y établissent en grand nombre au 19e siècle dans des maisons-magasins qui lui donnent son cachet particulier. Leurs boutiques sont si courues qu’il faut bientôt élargir la rue. Elle est encore très fréquentée aujourd’hui : les musiciens de rue l’animent, les travailleurs y circulent en grand nombre et les touristes l’explorent en y faisant du lèche-vitrine.
Un charme magnétique
Quand le poète et chansonnier Gilles Vigneault chante « En descendant la rue Saint-Jean », il évoque une expression passée dans la langue courante des Québécois au temps de sa jeunesse. Elle signifiait qu’en venant déambuler rue Saint-Jean pour faire des achats ou des rencontres, il faisait bon vivre.
Aux racines de Québec
On doit à l’arpenteur Jean Bourdon le tracé et le nom de la rue Saint-Jean. Il empruntait ce chemin pour se rendre du cœur de la ville à sa propriété du fief Saint-Jean, vers 1650. Pendant le Régime français, ce chemin traverse un secteur résidentiel qui n’est que partiellement développé.
On a retrouvé les vestiges de la première porte Saint-Jean à la hauteur de l’actuelle rue Saint-Stanislas. Plus tard, on construit d’étroites portes militaires dans les fortifications de pierre au même endroit qu’elle occupe aujourd’hui. La dernière d’entre elles sera démolie en 1897 pour laisser passer le tramway électrique. La porte Saint-Jean actuelle a été construite en 1939-1940.
Une grande artère commerciale
Après la conquête britannique, la rue Saint-Jean s’impose comme la principale voie de circulation entre la ville fortifiée et les faubourgs. Comme le marché situé devant l’église de Notre-Dame-de-Québec attire clients et commerçants et que la population intramuros augmente, elle devient rapidement une artère commerciale. Marchands et boutiquiers, artisans et artistes s’établissent rue Saint-Jean. Plusieurs se font construire des maisons qui combinent les fonctions résidentielle et commerciale.
Un exemple typique
La maison située au no 1080 est un bon exemple de ces bâtiments mixtes. En 1829, le maître maçon Louis Robin dit Latouche et le charpentier Joseph Binet la construisent sur les fondations d’une résidence d’un seul étage datant de 1750. Son rez-de-chaussée commercial est muni de larges vitrines et les deux étages supérieurs sont destinés à l’habitation. L’effervescence commerciale ne fait que commencer.
Élargir la voie
En 1878, l’aménagement du marché public Montcalm sur le site de l’actuelle place D’Youville, tout juste à l’extérieur des fortifications, accentue la vocation commerciale de la rue Saint-Jean, qui est désormais desservie par un tramway hippomobile (tiré par des chevaux).
L’étroitesse de la rue cause cependant problème. En 1889, le conseiller municipal Cyrille Duquet fait entériner son projet de l’élargir. Les façades des édifices situés du côté sud sont alors démolies, puis reconstruites quelques mètres en retrait, y compris la boutique de Duquet, horloger et inventeur du combiné téléphonique en 1878.
La façade de l’édifice situé aux nos 1159-1161 est l’une des seules à avoir été épargnée par cet élargissement. Œuvre de l’architecte Charles Baillairgé, ce bâtiment avait été érigé en retrait de ses voisins en 1857-1858. L’atelier du fameux portraitiste Théophile Hamel y était installé.
Traverser le temps
À la fin du 19e siècle, la rue Saint-Joseph du quartier Saint-Roch a remplacé la rue Saint-Jean comme principale artère commerciale de la ville. Cette dernière n’en conserve pas moins tout son charme ainsi que son importance commerciale.
Dans les années 1960-1970, la rue Saint-Jean connaît une nouvelle période brûlante en devenant le lieu de rencontre des adeptes de la contre-culture et le centre de la vie nocturne. Elle est ensuite rénovée, puis adoptée par les musiciens de rue, les festivals et les amuseurs publics. Elle devient même piétonnière à ses heures.
Toutes ces périodes ont forgé l’âme de cette rue inimitable qui respire toujours la joie de vivre.
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Odette Carpentier est présidente de l'Association des amuseurs publics professionnels de Québec, tout en étant artiste elle-même. Elle évoque la richesse des arts de la rue dans le Vieux-Québec, une pratique festive appréciée de tous!
Images anciennes
Art public
Raoul Hunter
1987
Place des Livernois
Devant l’édifice où ils ont longtemps tenu leur studio, le monument honore trois générations de Livernois qui, entre 1854 et 1952, ont produit des centaines de milliers de clichés photographiques. Leur travail constitue une source documentaire majeure pour l’histoire de la ville de Québec.
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