Une promenade royale.
Deux millions de personnes déambulent chaque année sur cette terrasse nommée en l’honneur de lord Dufferin, un gouverneur général du Canada qui est tombé follement amoureux de Québec. Ce site extraordinaire a longtemps été réservé à quelques privilégiés. Mais dès son inauguration publique, en 1838, la terrasse connaît un tel succès auprès des résidents et des touristes qu’il faudra l’agrandir à deux reprises.
La terrasse des gouverneurs
Champlain, fondateur de Québec, construit sa nouvelle résidence sur ce site en 1620. Son successeur, le gouverneur Montmagny, l’agrandit et la dote d’une terrasse réservée à ses invités. Pendant tout le Régime français, la terrasse de cette demeure qu’on appelle le château Saint-Louis ne sera accessible qu’à une minorité de privilégiés.
Après la conquête de la Nouvelle-France, en 1760, le château Saint-Louis sert de résidence officielle aux gouverneurs britanniques. La terrasse privée demeure un lieu réservé aux plus hauts dignitaires, jusqu’à l’incendie qui ravage le château et sa terrasse en 1834. Quatre ans plus tard, le nouveau gouverneur Durham fait construire sur les ruines une première promenade publique.
Petit projet deviendra grand
Cette première terrasse, qui porte le nom de Durham, est inaugurée en septembre 1838. Elle mesure 50 mètres de long sur 15 de large et suit les contours de l’ancien château Saint-Louis. Une balustrade en bois la borde du côté du fleuve. Sa surface en terre battue est rapidement recouverte de planches car elle est immédiatement populaire. On s’y rencontre, on s’y divertit, on y revient. Au point qu’en 1854, on doit la prolonger de 35 mètres. Des lampadaires et une balustrade en fonte sont alors ajoutés.
Très appréciée des promeneurs, la terrasse Durham contribue déjà au développement du tourisme à Québec. Vingt ans plus tard, cependant, lord Dufferin voit beaucoup plus grand.
La terrasse actuelle
Lord Dufferin arrive à Québec en 1872 pour y occuper le poste de gouverneur général. Il tombe immédiatement en amour avec Québec et réussit à stopper la démolition des fortifications qu’ont entreprise l’ingénieur municipal Charles Baillairgé et d’autres décideurs, afin de moderniser la ville. Dufferin appuie cependant le projet d’agrandissement de la terrasse Durham que Baillairgé a déposé dès 1869.
À l’initiative des deux hommes, la terrasse Durham passera donc de 85 à 430 mètres. La balustrade de fonte sera conservée et reproduite sur toute sa longueur. Cinq kiosques à toit vert et blanc seront construits en bordure du cap, ainsi qu’un kiosque à musique du côté de la ville. Lord Dufferin aura l’occasion de poser la première pierre avant son départ du Canada, en 1878. La nouvelle terrasse, rebaptisée Dufferin en son honneur, sera inaugurée le 28 juin 1879. Depuis, elle n’a pas été modifiée.
Un lieu animé
Une grande première nord-américaine se produit ici en 1885 : des lampadaires à arc électrique illuminent pour la première fois un lieu public. En 1898, on dévoile en grande pompe la statue de Champlain érigée à une extrémité de la terrasse. Dix ans plus tard, c’est au même endroit que débutent les fêtes du tricentenaire de la fondation de Québec. On y reviendra en 2008 pour inaugurer celles du 400e anniversaire.
Des concerts ont longtemps été présentés au kiosque à musique. Aujourd’hui, des musiciens ambulants les ont remplacés en saison estivale. L’hiver, on peut s’élancer en toboggan du haut de la glissade de 250 mètres aménagée il y a un siècle. Des feux d’artifice sont maintenant visibles de la terrasse et, depuis quelque temps, les vestiges des Forts-et-Châteaux-Saint-Louis sont mis en valeur sous vos pieds. Le plus beau, c’est qu’on ne se lasse jamais d’admirer le panorama unique qui s’offre du haut de la terrasse Dufferin.
Contenus reliés au point d'intérêt
Reconstitution 3D
Cette reconstitution en trois dimensions résume l’évolution du site des Forts-et-Châteaux-Saint-Louis, depuis le logis de Champlain jusqu’à la terrasse Dufferin où sied le Château Frontenac. Des dômes de verre permettent aujourd’hui d’apercevoir les vestiges des forts et châteaux qui s’y sont succédés.
Images anciennes
Art public
Artistes : Paul Chevré, sculpteur, et Paul-Alexandre Le Cardonnel, architecte
1898
Terrasse Dufferin
Le grand explorateur Samuel de Champlain est représenté debout, tourné vers la ville qu’il a fondée en 1608. Pour rendre les traits du visage, le sculpteur s’est inspiré d’une gravure qui, croyait-on à l’époque, le représentait. Un haut-relief personnifie la ville de Québec, le génie de la Navigation et la Renommée. On y distingue aussi la silhouette de la cathédrale de Notre-Dame-de-Québec.