Pionnière en Amérique
En 1852, le Séminaire de Québec fonde le premier établissement d’enseignement supérieur francophone en Amérique du Nord. Dans ses locaux historiques du Vieux-Québec, l’Université Laval assurera la formation de l’élite intellectuelle du Québec durant plus d’un siècle. Après avoir délaissé le quartier dans les années 1950 afin d’agrandir son campus, les étudiants et les professeurs sont depuis revenus sur les lieux d’origine de l’institution.
Une université francophone en Amérique
Quand les évêques catholiques du Canada se réunissent en concile à Québec, en 1851, les jeunes hommes francophones qui souhaitent acquérir une formation supérieure doivent choisir entre les universités anglophones McGill, à Montréal, ou Bishop à Sherbrooke. Pour corriger cette situation qui pénalise les francophones, les évêques pressent le supérieur du Séminaire de Québec, Louis-Jacques Casault, de fonder une université.
Casault met aussitôt tout en œuvre pour établir une université à Québec qui sera rattachée au Séminaire et portera le nom de son fondateur, François de Laval.
Le projet reçoit l’aval des autorités religieuses et coloniales. Dotée d’une charte signée par la reine Victoria d’Angleterre, l’Université Laval est officiellement créée en 1852. L’année suivante, le pape Pie IX accorde à l’archevêque de Québec le pouvoir d’y décerner des diplômes en théologie. L’établissement ouvre ses portes en 1854 et marque un point tournant dans le potentiel de développement de la population majoritairement francophone du Québec.
Une architecture moderne
Les autorités du Séminaire font construire les bâtiments qui abriteront l’Université sur leurs terrains de la haute-ville, près de leur Petit Séminaire qui offre le cours classique. De 1852 à 1856, trois pavillons apparaissent dans la nouvelle rue de l’Université : le bâtiment principal, l’École de médecine et le pensionnat. Deux de ces bâtiments sont conçus par l’architecte de Québec Charles Baillairgé, reconnu pour ses idées novatrices.
Baillairgé adopte un style à l’américaine pour le pavillon principal, qui sera l’un des édifices les plus imposants de Québec avec ses cinq étages. Il sera aussi le premier de la ville à être doté d’une ossature de fer permettant de dégager plus d’espace intérieur. Le projet est d’une telle ampleur que l’architecte doit inventer une machine à vapeur pour hisser jusqu’au chantier les 160 tonnes de matériaux nécessaires à sa construction.
L’architecte coiffe ce pavillon principal d’un toit plat, le premier à Québec. Toutefois, cette nouveauté ne plaît pas à tous et s’avère mal adaptée aux abondantes chutes de neige. En 1875, Joseph-Ferdinand Peachy, un élève de Baillairgé, ajoute une toiture mansardée surmontée de deux clochetons latéraux et d’un grand clocheton central qui dominera le ciel de Québec.
Une formation en évolution
À l’origine, la formation donnée à l’Université Laval repose sur le modèle français. L’étudiant choisit parmi quatre grandes facultés : médecine, droit, théologie, ou arts qui regroupe tout ce qui ne fait pas partie des trois autres. Le cours classique est un préalable. Cette formation s’adresse aux personnes intéressées par les professions libérales.
D’autres disciplines sont progressivement offertes au cours du 20e siècle : d’abord l’enseignement supérieur technique, puis les sciences et les technologies. Le nombre d’étudiants passe de 300 en 1902 à plus de 4000 en 1952. À ce moment, les pavillons de la rue de l’Université sont devenus trop exigus. Plusieurs écoles, facultés et services occupent déjà des édifices voisins. Le nouveau campus qui s’impose sera aménagé à Sainte-Foy, sur les terrains qu’occupe toujours l’Université Laval.
Retour aux sources
Le départ des étudiants et des professeurs a porté un dur coup à cette partie du Vieux-Québec qu’on appelait le Quartier latin et qui était le centre de la vie intellectuelle de la ville. Mais aujourd’hui, les anciens bâtiments de l’Université Laval reprennent leur fonction d’enseignement. Le Collège François-de-Laval, anciennement le Petit Séminaire de Québec, loge dans l’ancienne École de médecine et une partie de l’ancien pavillon principal est occupée par les laboratoires d’archéologie de l’Université Laval. L'École d'architecture est aménagée dans l'édifice du Vieux-Sémninaire et divers colloques et congrès savants se tiennent aussi dans ces locaux historiques.
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Vidéo
Fondée sur le site du Séminaire de Québec, l'Université Laval est la première université francophone des Amériques. Le recteur Denis Brière évoque son rôle pionnier dans la production et la transmission des savoirs scientifiques en langue française, son importance actuelle et la grande valeur patrimoniale de ses collections.
Témoignage
Jacques Mathieu: étudier à l'Université Laval dans les années 1960
Historien renommé et professeur émérite à l'Université Laval, Jacques Mathieu a fait ses études dans cette institution lorsqu'elle était encore située dans le Vieux-Québec. Il témoigne de sa vie d'étudiant et du développement fulgurant de l'institution dans les années 1960.
Artefact
Seconde moitié du 19e siècle. Collections de l'Université Laval.
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