La passerelle de la Poterie, qui enjambe la rivière du Cap Rouge, fait le lien entre le boulevard de la Chaudière, sur la rive droite, et la rue Augustin-Bourbeau, sur la rive gauche. Elle rappelle la présence de la poterie de Cap-Rouge, située autrefois près de l’embouchure de la rivière. Depuis la passerelle, on peut d’ailleurs apercevoir l’emplacement de l’ancienne manufacture.

Ce toponyme rappelle l'existence, dans la seconde moitié du 19e siècle, d'une importante manufacture de poteries implantée sur la route du Calvaire (auj. la rue Saint-Félix), en bordure de la rivière du Cap Rouge. Fondée en 1860 par Henry Howison (vers 1833-?), elle est exploitée jusqu'en 1892. L'architecte Charles Baillairgé dresse les plans du bâtiment de quelque 30 mètres sur 15, construit en bois sur deux étages. Il loge deux grands fours de brique, auxquels s'ajoutera plus tard un troisième four, plus grand encore. Au début, les potiers utilisent comme matière première un mélange d'argile locale et d'argile du New Jersey qui donne une terre cuite fine de couleur jaune. On en fabrique des objets d'usage courant, comme des bols, des théières et des pots à eau, destinés au marché local. La manufacture emploie 27 ouvriers et potiers en 1861. Même si ses produits sont réputés pour leur qualité, la poterie de Cap-Rouge connaît des difficultés et change souvent de propriétaires, parmi lesquels le marchand de bois Joseph Bell Forsyth, premier maire de Cap-Rouge. On recense en 1881 un seul potier, Onésime Voyer. Les installations sont démolies en 1892, mais la production a peut-être cessé quelques années auparavant. Des fouilles archéologiques effectuées entre 1985 et 1987 ont permis d'attester la grande qualité et la diversité des produits de cette fabrique, l'un des rares établissements du genre dans la région de Québec.