Née à Québec, Irma LeVasseur (1877-1964) est la première Canadienne française à exercer la médecine au Québec. Elle fait ses études classiques au collège Jésus-Marie de Sillery puis s’inscrit à l’École normale Laval. Comme elle rêve de devenir médecin, une profession alors interdite aux femmes, elle part étudier à l’université de St. Paul, au Minnesota. En 1900, fraîchement diplômée, elle commence à pratiquer à New York où vit désormais sa mère. Elle multiplie en même temps les démarches auprès du gouvernement pour qu’on lui reconnaisse le droit d’exercer la médecine au pays. Ses efforts portent leurs fruits : une loi privée adoptée en 1903 lui permet d’entrer au Collège des médecins et chirurgiens de la province de Québec et d'exercer sa profession. Elle séjourne par la suite en France et en Allemagne où elle se spécialise en pédiatrie. Peu après son retour, elle participe à la fondation de l'hôpital Sainte-Justine de Montréal. Puis en 1915, en pleine guerre mondiale, elle s'engage comme médecin volontaire pour aller soigner les victimes d’une épidémie de typhus en Serbie. À Québec, elle fonde en 1923 un hôpital pour enfants, le futur hôpital de l'Enfant-Jésus, et met sur pied dans les années 1930 une institution pour enfants handicapés qui deviendra l'école Cardinal-Villeneuve. Elle travaille ensuite dans les services médicaux de l’armée canadienne pendant la Seconde Guerre mondiale. Malgré ses accomplissements, Irma LeVasseur passe les dernières années de son existence dans la solitude et la pauvreté. Internée de force à l’hôpital psychiatrique Saint-Michel-Archange en 1957-1958, elle doit se battre pour retrouver sa liberté. Toute sa vie durant, cette pionnière a œuvré en marge des institutions universitaires et hospitalières québécoises et a osé rompre avec le modèle traditionnel réservé au personnel médical féminin de son époque. Décédée à Québec, elle est inhumée au cimetière Saint-Charles. Il faudra attendre 2004 pour que son nom soit inscrit sur la dalle funéraire du caveau familial. En 2019, le gouvernement du Québec l’a désignée comme personnage historique en vertu de La loi sur le patrimoine culturel.