Saint-Roch
1988
Saint-Roch
La Cité-Limoilou
17e siècle
Saint-Roch; Vieux-Québec–Cap-Blanc–Colline parlementaire
La Cité-Limoilou
Saint Roch (14e siècle) est un saint légendaire que l'on invoque contre la peste et les maladies infectieuses. Sa vie nous est connue par des légendes de la fin du 15e siècle. Originaire de Montpellier, en France, saint Roch guérit des pestiférés au cours d'un pèlerinage à Rome. Atteint à son tour, il se réfugie en forêt. Grâce à l'ange qui le soigne et au chien du voisinage qui lui porte du pain, il guérit. Plus tard, saint Roch meurt en prison, non reconnu des siens et pris pour un espion. Le culte de saint Roch se développe en Europe au 15e siècle. Au Québec, la dévotion à saint Roch remonte aux débuts de la colonie, avec l'aménagement d'une chapelle dédiée au saint – l'ermitage Saint-Roch – que les Récollets érigent près de l'estuaire de la rivière Saint-Charles, en 1692 ou dans les années qui suivent. Cette chapelle disparaît à l'époque de la Conquête. La population invoque le saint protecteur lors des épidémies de grippe ou de petite vérole qui frappent la Nouvelle-France en 1699 et en 1731. Au 19e siècle, le culte de saint Roch connaît un regain de popularité avec les épidémies de choléra (1832) et de typhus (1847). L'ermitage Saint-Roch donnera son nom à la rue, au faubourg, à la paroisse, au quartier, puis au jardin.
En 1994, le nouvel espace public aménagé par la Ville de Québec dans le quadrilatère formé par les rues De Saint-Vallier, de l'Église (auj. du Parvis), De Sainte-Hélène et de la Couronne, prend le nom de jardin de Saint-Roch, qui rappelle le quartier où il se situe. Le jardin est au cœur d'un vaste programme de revitalisation du quartier de Saint-Roch mis de l’avant par le maire Jean-Paul L’Allier. Pour honorer sa mémoire, on donnera à cet espace le nom de jardin Jean-Paul-L’Allier en 2017.
Le quartier de Saint-Roch s’étend sur 1,5 kilomètre carré, entre le cap Diamant et la rivière Saint-Charles. À l'ouest, il est bordé par le boulevard Langelier et à l'est, par l'autoroute Dufferin-Montmorency. Saint-Roch est l'un des plus anciens faubourgs de Québec. Son développement commence à l'est avec une première agglomération qui prend forme autour de l'ermitage Saint-Roch, agglomération qu'on nomme alors faubourg Saint-Henry ou faubourg Hiché, du nom de Henry Hiché, propriétaire des lieux. Un peu plus tard, une autre petite agglomération voit le jour à l'ouest de la première, le long de la rue Saint-Vallier : le faubourg Saint-Vallier où se concentrent des tanneurs installés là en raison des nombreuses sources coulant du haut de la falaise. En somme, tout au long du 18e siècle, Saint-Roch connaît une croissance très lente. Ses résidants sont des artisans et des gens de métier dont le gagne-pain est relié à l'activité maritime et portuaire. L'expansion véritable du faubourg survient au 19e siècle quand la vague de prospérité de la construction navale provoque une affluence d'ouvriers qui viennent s'y établir. La première église de Saint-Roch est construite en 1811, et quelques années plus tard, en 1829, la paroisse Saint-Roch – aujourd'hui Notre-Dame-de-Saint-Roch – voit le jour. Progressivement, le faubourg s'étend vers l'ouest. Un peu avant 1833, les religieuses de l'Hôtel-Dieu lotissent des terrains pour y construire des habitations; douze ans plus tard, l'Hôpital général en fait autant. En 1845, Saint-Roch est rasé par les flammes et, en 1866, la partie ouest du faubourg est à nouveau détruite par un incendie. En 1855 est créée la municipalité de banlieue de Saint-Roch de Québec qui comprend les territoires actuels de Saint-Sauveur, du Vieux-Limoilou et de Duberger. À la fin du 19e siècle, la construction navale en déclin fait place à l'industrie manufacturière – cuir et chaussure, textile, meuble... – et au développement du secteur commercial – commerces de la rue Saint-Joseph.
Dans les années 1910, Saint-Roch devient le centre commercial et industriel de la ville et le quartier le plus densément peuplé. Les années 1960 marqueront cependant une baisse dramatique des activités du quartier au profit de la banlieue. Ce ralentissement se maintiendra jusqu'aux années 1990, alors que la Ville de Québec et ses partenaires entreprennent un important chantier de revitalisation du quartier de Saint-Roch : on en consolide la fonction résidentielle et commerciale tout en y développant les secteurs de la culture, de l'enseignement et des technologies de l'information. La nomenclature des rues du quartier de Saint-Roch ne respecte pas de thèmes précis. Cependant, on constate que dans le premier tiers du 19e siècle, les rues reçoivent des noms en lien avec la famille royale britannique : rues de la Couronne, du Prince-Édouard, de la Reine et du Roi.
La rue Saint-Roch est tracée sous le Régime français, à la demande des habitants de Beauport qui souhaitent l'ouverture d'une rue à partir de l'actuelle rue De Saint-Vallier Est jusqu'à la rivière Saint-Charles, à l'ouest du terrain de l'intendant, ce qui permettrait d'établir un passage entre le Palais et la Canardière. La rue Saint-Roch est appelée ainsi car elle est située à proximité de l'ancien ermitage Saint-Roch. En décembre 1998, la partie de la rue Saint-Roch située entre le boulevard Jean-Lesage et l'autoroute du même nom prend le nom de rue de la Gare-du-Palais.
Sources
Résolution CE-94-446, 2 février 1994 (jardin); Résolution CV-2017-0008, 16 janvier 2017 (jardin); Résolution CM-98-725 (Gare-du-Palais); Ville de Québec. Guide odonymique de la ville de Québec 1608-1988, 1989; Noppen, Luc et Lucie K. Morisset. L'architecture de Saint-Roch: guide du promeneur, Les Publications du Québec, 2000, p. 17 (quartier); Histoire de la ville de Québec 1608-1891, p. 73-74 (quartier et rue); Roy, Pierre-Georges. Les rues de Québec, p. 182 (quartier et rue); Poirier, Jean. Noms de rues de Québec au XVIIe siècle. Origine et histoire, Dossiers toponymiques, 27, Québec, Commission de toponymie, 2000, p. 34-35 (quartier et rue); Ville de Québec. Du cap au rivage : promenade dans les rues de Québec, 1994, p. 33; Le Petit Larousse illustré, 2001; Le Petit Robert des noms propres, 2000; Béland, Mario. «saint pestiféré», Cap-aux-Diamants, no 58, été 1999, p. 63; Site internet de la Ville de Québec (2000) www.ville.quebec.qc.ca (quartier); Ville de Québec. Saint-Roch : un quartier en constante mutation, Les quartiers de Québec, 1987, p. 1-9, 13-16, 21-22.
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