Accueil / Citoyens / Patrimoine / Espace #PatrimoineVDQ / 2025 / Lac Saint-Charles : à la découverte de son passé associé à la villégiature
Par Jérôme Ouellet, agent de recherche en patrimoine bâti
Cet article est publié dans le cadre de la réalisation de l’inventaire du patrimoine bâti de l’arrondissement de La Haute-Saint-Charles.
Par son immensité, son cadre enchanteur et la richesse de sa faune, le lac Saint-Charles est un lieu de villégiature réputé à Québec depuis la fin du 18e siècle. Nous vous invitons à survoler l’histoire de cette activité marquante et à découvrir quelques-uns de ses témoins architecturaux qui subsistent encore aujourd’hui.
Le lac Saint-Charles est une étendue d’eau douce d’une superficie d’environ 3,6 km2 située dans le nord de la ville de Québec. Il constitue la source de la rivière du même nom, qui se jette dans le fleuve Saint-Laurent. Son nom commémore Charles Desboves, un prêtre français bienfaiteur des Récollets. L’érection d’un barrage en 1934, remplacé en 1948, hausse le niveau du lac et change la physionomie des rives.
La beauté naturelle du site attire de nombreux voyageurs, excursionnistes et artistes, principalement anglophones, dès la fin du 18e siècle. Le lac Saint-Charles devient l’une des destinations d’un circuit touristique qui comprend notamment les chutes Montmorency et le village de Lorette (Wendake). Il s’agit d’un tourisme de courte durée, axé sur l’appréciation de la nature et du caractère pittoresque des lieux. Une infrastructure d’accueil est mise sur pied au lac Saint-Charles pour loger ces visiteurs de passage. On peut séjourner à l’auberge, dans une maison de pension ou à l’hôtel Verret, construit entre 1850 et 1883, qui jouit d’une bonne réputation auprès des touristes. Cette ancienne maison d’agriculteurs offre de grandes chambres convenables pour les dames. On peut y déguster un repas bien arrosé pour 50 cents.
Le tourisme de passage décline à la fin du 19e siècle. L’hôtel Verret est recyclé en une salle de danse à cette époque. Un nouveau type de villégiature s’impose, alors que sont popularisés les séjours de plus longue durée. On loue d’abord des maisons. Surtout, on construit des chalets et des camps. Ceux-ci sont des constructions plus ou moins élaborées, érigées généralement sur pilotis et bâties avec des matériaux naturels.
Tandis que le cœur villageois se forme le long de l’avenue du Lac-Saint-Charles au sud, les propriétaires de chalets s’installent sur les deux rives du lac plus au nord : les anglophones s’établissent principalement à l’ouest tandis que les francophones se concentrent surtout à l’est du lac. Construit vers 1850, le chalet Campbell-Gale est le plus ancien chalet de villégiature existant de Lac-Saint-Charles. Bien que représentatif de l’architecture de villégiature, le bâtiment se rapproche davantage de la maison néogothique. En ce sens, on peut le comparer à la Villa Bagatelle, construite à la même époque.
Dans les premières décennies du 20e siècle, le secteur de la baie de l’Écho devient un haut lieu de la villégiature de chalet. Cette baie aurait constitué autrefois une halte sur le parcours du sentier des Jésuites, qui reliait la région de Québec au lac Saint-Jean. On lui doit vraisemblablement son nom à quatre religieuses Augustines qui y ont fait halte le 4 juin 1726.
C’est à Arthur Saint-Jacques (1878-1958) que l’on doit en bonne partie l’ensemble de chalets anciens à la baie de l’Écho. Ce fonctionnaire de profession tombe sous le charme du lac Saint-Charles en 1898 et fait construire son premier chalet la même année. Surnommé « La Trappe », la propriété devient le rendez-vous de l’élite de Québec et d’ailleurs. Le chalet est agrandi en 1905 puis en 1913.
Saint-Jacques fait construire et acquiert une vingtaine de camps et chalets à proximité du sien. L’un d’eux est le camp de pêche de la famille Drolet. Il se distingue par sa conception en bois rond. C’est l’un des rares bâtiments authentiques du genre à subsister à Lac-Saint-Charles. Les héritiers d’Arthur Saint-Jacques poursuivront le lotissement des alentours de la baie de l’Écho. Plusieurs ont conservé leur usage de villégiature.
À l’instar des autres habitations rurales, les chalets et les camps du lac Saint-Charles possèdent des dépendances. Dans le cadre de l’inventaire de Lac-Saint-Charles, on a identifié deux glacières. Il s’agit d’une construction de maçonnerie sans fenêtre qui s’apparente au caveau à légumes et qui permet de garder au frais la glace ou les denrées alimentaires. Toutes deux sont plus que centenaires et se trouvent dans le secteur de la baie de l’Écho. Ce sont parmi les dernières glacières authentiques à Québec.
82 bâtiments construits avant 1940 ont été inventoriés dans Lac-Saint-Charles. Vous pouvez les découvrir en consultant le répertoire du patrimoine bâti.
Conseil de bassin de la rivière Saint-Charles. Portrait du bassin de la rivière Saint-Charles. Québec, 2009, non paginé.
CÔTÉ, Louise et Jacques DORION. Arrondissement de la Haute-Saint-Charles. Québec, Ville de Québec, 2011, 88 p. Coll. « Découvrir Québec ».
NOËL, Éric et Christian FORTIN. Lac-Saint-Charles, 1946-1996. Lac-Saint-Charles, Société historique de Lac-Saint-Charles, 1996, 198 p.
POULIN, Étienne. Le lac Saint-Charles. Lac-Saint-Charles, Société historique de Lac-Saint-Charles, 1992, 36 p.
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