Pompadour
vers 1965
Quartier 4-3
Charlesbourg
Château Bigot
La rue Pompadour tient son nom de Jeanne Antoinette Poisson, marquise de Pompadour (1721-1764), l'une des favorites de Louis XV. Devenue la maîtresse du roi en 1745, Mme de Pompadour régnera à la cour de Versailles pendant 20 ans, malgré les violentes attaques dont elle sera l'objet en raison surtout de ses dépenses extravagantes. Protectrice des arts et des lettres, elle convie dans son salon de grands philosophes comme Montesquieu et Voltaire. Sans suivre une ligne politique particulière, elle exerce une réelle influence sur le gouvernement en accordant son appui à ses amis personnels pour leur obtenir des postes de prestige.
La Nouvelle-France a aussi sa « Pompadour » en la personne d'Angélique Renaud, qu'on peut d'une certaine manière associer à la dénomination de cette rue. Née à Québec, Angélique Renaud d'Avène des Méloizes (1722-1792) épouse en 1746 Jean-Hugues Péan, aide-major. L'arrivée à Québec de François Bigot (1703-1778), intendant de la Nouvelle-France, changera leur vie. La jeune Mme Péan, qu'on dit avenante et sprirituelle, devient la maîtresse de l'intendant, son mari fermant les yeux devant cette situation susceptible de servir ses ambitions. Effectivement, Bigot en fait son homme de confiance, ce qui lui permet de s'enrichir et de mener un grand train de vie. La maison qu'habitent les Péan à la haute-ville est même considérée comme la « meilleure » après celle de l'intendant. Angélique y organise des soirées fastueuses et s'adonne volontiers aux jeux d'argent en compagnie de ses hôtes. Après la capitulation de Montréal, en septembre 1760, elle part pour la France avec son mari et Bigot. Mais ces derniers sont arrêtés sous l'accusation d'avoir mal administré la colonie et causé sa perte. Péan est emprisonné à la Bastille, où Angélique lui rend visite avec la permission du ministre Choiseul. À la libération de Péan, en 1764, le couple se fixe à Orzain, près de Blois, et renoue avec la vie mondaine. Devenue veuve en 1782, Angélique se consacre aux démunis, en particulier aux familles canadiennes venues vivre en Touraine. Elle est décédée à Blois. William Kirby en a fait l'héroïne de son roman The Golden Dog (Le chien d'or), paru en 1877. Le portrait qu'il brosse du personnage tient davantage de la fiction que de la vérité historique, mais il nourrit une légende qui attirera longtemps les touristes dans le secteur de Château-Bigot où se déroule l'intrigue.
Sources
Des rues de Charlesbourg, Le Charlesbourgeois, bulletin de la Société historique de Charlesbourg, Volume IX numéro 2, avril-mai-juin 1992; Dictionnaire biographique du Canada en ligne, site Internet, 2006; Encyclopédie Hachette Multimédia, 2005.
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