Accueil / Citoyens / Environnement / Arbres et plantes / Plantes nuisibles et dangereuses / Phragmite exotique
Le phragmite exotique est très répandu au Québec. Il s’installe en monoculture dans les milieux perturbés, notamment le long des canaux de drainage qui bordent les routes et sur les rives des plans et cours d’eau. Une fois établi, il remplace complètement la flore naturelle et appauvrit la biodiversité des écosystèmes qu’il colonise. Il domine alors complètement l’espace.
Il est facile à identifier, particulièrement lorsqu’il est en fleurs aux mois d’août et de septembre. Il s’agit d’une plante vivace (graminée), pouvant mesurer jusqu’à 4 mètres. Son inflorescence est en forme de panicules touffues. Sa tige, plutôt beige, cannelée et rigide, demeure attachée l’hiver.
Le phragmite exotique peut se reproduire par graines, mais il se multiplie aussi à l’aide de rhizomes et de stolons qui s'étendent de plusieurs mètres en quelques semaines. Si les conditions lui sont favorables, il envahit très rapidement une grande superficie et forme des colonies très denses.
Parce que son éradication est extrêmement difficile, voici quelques conseils à suivre :
Le phragmite exotique ne doit jamais être composté ou jeté dans la nature. Il doit être placé dans des sacs à ordures robustes et jeté aux ordures.
En 2012, la Ville de Québec constatait que le phragmite exotique commençait à envahir les berges restaurées de la rivière Saint-Charles.
Sans action concrète, la plante se serait répandue rapidement, au détriment des autres espèces. En plus de réduire de façon importante la biodiversité du site, elle aurait banalisé le paysage et modifié complètement l'écosystème.
Ce secteur de la rivière a fait l'objet d'un vaste chantier de renaturalisation entre 1996 et 2008. Malheureusement, le phragmite exotique a réussi à s'implanter à plusieurs endroits, puisque c'est l'une des espèces envahissantes les plus difficiles à contrôler.
En 2013, la Ville de Québec a mis en place un programme d'élimination du phragmite exotique comprenant un ensemble de mesures annuelles :
Ces mesures devront être répétées sur plusieurs années.
Dans l'élaboration de sa stratégie d'élimination, la Ville s'est associée à l'expertise de chercheurs associés au groupe PHRAGMITES, dont une équipe de l'Institut de recherche en biologie végétale.
L'extraction permet d'éliminer les petites colonies où les rhizomes ne sont pas enfouis trop profondément, en creusant le sol avec une pelle pour déterrer les plants. Le trou est ensuite rapidement comblé de terre. Au besoin, l'espace est ensemencé par des espèces compétitives qui s'établissent rapidement.
Le bâchage peut traiter les colonies relativement petites, de faible ou moyenne densités. Cette technique consiste à recouvrir le site d'une grande toile de plastique noire, afin de priver les plantes de soleil et entraîner leur mort. Les plants sont d'abord rabattus au sol, puis la toile est déposée sur la surface et maintenue à l'aide de poids. Une supervision régulière est effectuée pour s'assurer qu'aucun stolon ne déborde des limites de la bâche, ou que des tiges soient parvenues à percer la toile. À la suite du retrait des bâches, les surfaces sont restaurées et font l’objet d’une vérification régulière pour éviter que le phragmite s’y installe de nouveau.
La coupe est appliquée lorsque les autres techniques ne peuvent être utilisées. Il s'agit cependant de la moins efficace des mesures, puisque le phragmite exotique est une plante au système racinaire particulièrement coriace. Pour réussir, la coupe est répétée trois fois pendant la saison et sur plusieurs années afin d'épuiser complètement les racines.
La coupe se fait manuellement, à environ 10 cm de haut. Si la plante cohabite avec des espèces végétales plus petites, la coupe est effectuée plus haute afin de les préserver.
L'herbicide, surtout lorsqu'il est appliqué à l'automne, est rapide et efficace pour traiter les colonies trop importantes pour être extraites manuellement. Toutefois, dans un milieu urbain et à proximité d'un cours d'eau, comme la rivière Saint-Charles, l'utilisation d'herbicide chimique est assujettie à des lois et règlements. Elle doit donc faire l'objet de plusieurs précautions lors de l'application.
Pour intervenir avec un herbicide, la Ville doit recevoir toutes les autorisations nécessaires du ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques.
L'herbicide utilisé pour traiter les rives de la Saint-Charles est le VisionMax, un herbicide systémique à base de glyphosate. Il est appliqué par badigeonnage sur les feuilles et la tige, plant par plant, à l'aide d'un gant. Il s'agit d'une méthode sélective puisqu'elle permet de traiter le phragmite sans nuire aux autres espèces. Les tiges sont coupées au moins un mois avant le traitement afin que leur hauteur atteigne un mètre au moment du badigeonnage.
Lors du traitement, toutes les précautions sont prises pour minimiser les risques de contact entre l'herbicide et l'eau. Ainsi, bien que le VisionMAX contienne un agent tensioactif qui accélère la vitesse d'absorption de la matière active (moins de 1 heure), l'accès au site est interdit pour une période de 24 heures.
Les effets de l'herbicide sur le phragmite, par un jaunissement des feuilles et la mort des plants, peuvent être observés dans les deux semaines suivant le traitement.
Une baisse significative dans la densité des plants est observée d’une année à l’autre.
Le phragmite exotique s'établit dans des endroits ouverts, car il a besoin d'ensoleillement. L'ombrage limite la germination des graines.
Au cours des années, les berges de la rivière sont donc enrichies de plusieurs centaines d'arbres et d'arbustes, pour prévenir l'envahissement des secteurs non infectés et pour restaurer des surfaces nouvellement dénudées.
Puisque les graines peuvent voyager par l'eau et par le vent, la coupe des inflorescences à l'automne, avant la production des graines, permet de réduire les risques de contamination de nouveaux secteurs. C'est pourquoi toutes les inflorescences ont été coupées à l'automne 2012. Comme les plants sont coupés en juillet dans le cadre du programme d'élimination, cette mesure n'est plus nécessaire, car les plants n'ont plus le temps nécessaire pour produire une inflorescence.
Partagez cette page :